"On a tous la volonté de mettre le maillot pour supporter notre équipe" lance Alphonse Sokou, venu comme les autres encourager la selection nationale. "Mais il coûte trop cher. Si je mets la moitié de mon salaire mensuel pour l’achat d’un seul maillot, j’aurais des problèmes pour mes besoins", explique déçu le jeune employé d'une boutique d'informatique.
Le maillot jaune coûte 25.000 francs CFA (près de 40 euros), quand le salaire minimum au Bénin s'élève à 40.000 francs CFA.
Alors, comme Alphonse, aucun des hommes venus au Codiam, un centre chrétien d’hébergement et de restauration, pour la plupart des employés modestes venus suivre le match, ne porte le maillot jaune des Ecureuils.
Plus loin sur l’esplanade du Stade de l’amitié, plus d’une dizaine d’écrans géants diffusent le match dans une folle ambiance. Mais là encore le nouveau maillot de l’équipementier Umbro se fait rare.
La plupart des supporters, ravis de l'ouverture du score par les Ecureuils dès la 2e minute, portent l'ancien maillot. Et la raison est toujours la même: le nouveau "coûte trop cher".
Seule tunique jaune ou presque aperçue dans la ville, celle arborée par Améline-Sosthène Sokoto. Pour cette employée de banque retranchée dans un restaurant avec ses amies, "supporter son équipe a un coût".
Monopole
En plus du prix prohibitif pour beaucoup, l'annonce de la mise en vente du nouveau maillot a été pour le moins tardive: c'est par un communiqué de presse en date du 23 juin que "la Fédération béninoise de football informe la population, que les maillots de la sélection nationale seront en vente à partir du lundi 24 juin". Et dans un seul lieu, la "boutique Top Sport, sise à Cotonou".
Ce monopole a été mis en place "pour éviter les contrefaçons et s’assurer que seuls les vrais maillots seront vendus", confie une source au ministère des Sports.
Ainsi à Cotonou, dans les boutiques habituées à vendre maillots et autres gadgets à l’effigie des Ecureuils, le nouveau maillot confectionné par l’équipementier anglais n’est visible nulle part.
Certains vendeurs qui avaient assuré en disposer et même "autorisé des acheteurs à déposer de l’argent à l’avance" ont été mis devant le fait accompli: ils n'en ont jamais reçu.
"C’est la première fois qu’on concentre le vente du maillot dans une seule boutique", se plaint Olushegun Olabissi, responsable d’une association de supporters dans la ville de Porto Novo.
"Les supporters sont déçus naturellement", renchérit Memo Kouton, un journaliste sportif.
Quant à ceux qui auraient pu s'offrir le nouveau maillot, il est de toute façon déjà trop tard: dans les rayons de Top sport mercredi matin, pas un seul à l'horizon.
"Nous sommes en rupture de stock. Revenez dès la semaine prochaine", confie l’un des vendeurs, réajustant des chaussures dans les rayons. "Les trois cartons de maillots reçus" sont finis, ajoute-t-il, "revenez dès la semaine prochaine".
D'ici là, les Ecureuils auront affronté la Guinée Bissau samedi, et le Cameroun mercredi.