Tout un pays reporte même ses espoirs de gloire sur les joueuses de Carl Enow Ngachu, à quelques heures du coup d'envoi à Yaoundé (15h30, 13h30 GMT) alors que les résultats des "Lions" laissent à désirer.
L'entrée au stade sera gratuite, sur invitation. Les cartons étaient épuisés vendredi au siège de la Fédération camerounaise de football et du ministère des Sports, au grand dam de nombreux supporteurs venus pour rien.
Le match se jouera en présence du président camerounais, Paul Biya, au pouvoir depuis 34 ans et dont les apparitions publiques dans son pays sont rares.
La télévision d'Etat CRTV bat le compte à rebours de la rencontre en français et en anglais, les deux langues officielles, faisant oublier l'espace d'un moment d'unité nationale la colère des avocats et des enseignants de la minorité anglophone qui s'exprime dans l'ouest du pays.
La fièvre est montée progressivement depuis le coup d'envoi du tournoi le 19 novembre. Les "Lionnes" ont fait un sans-faute, avec quatre victoires en quatre matchs et aucun but encaissé.
Dans les rues de Yaoundé, automobilistes et conducteurs de motos-taxis exhibent le drapeau du pays et le commerce des maillots va bon train.
"Allez les Lionnes", s'exclame Armand Ndjock, qui pronostique une victoire 2-0. "Elles ont beaucoup semé. C'est le moment de la récolte", poursuit-il. Un drapeau aux couleurs vert-rouge-jaune du Cameroun flotte devant son magasin de vente de lambris de bois à Nkomo, un quartier populaire de Yaoundé.
Plusieurs écrans géants vont être installés dans certains lieux de la ville, notamment dans une annexe du stade Ahmadou-Ahidjo (du nom du premier président camerounais) où se joue la finale.
"J'ai assisté à tous les quatre matchs de notre équipe. J'irai au stade avec un groupe de plus de 20 supporteurs", assure M. Ndjock. "Si je n'arrive à entrer, je rappliquerai au stade annexe".
- Mieux que les garçons -
"Elles jouent mieux que les garçons" de l'équipe nationale, se risque à comparer un autre inconditionnel, Joseph Abba, conducteur de moto-taxi. "Je serai au stade. Je suis convaincu qu'elles vont gagner", tranche-t-il, en demandant aux joueuses de son équipe d'infliger un score fleuve de 10 buts contre 0 à leurs adversaires.
Comme lui, beaucoup de Camerounais estiment lors des conversations dans les rues ou dans les taxis que les filles sont plus "engagées et déterminées" que les hommes de l'équipe nationale qui disputeront leur Coupe d'Afrique des Nations au Gabon à partir du 14 janvier.
L'équipe masculine affiche de bien piètres performances depuis quelques années au point où beaucoup de supporteurs potentiels ne se rendent plus au stade ou renoncent à s'installer devant la télévision.
Mais les Lionnes ont ravivé cette flamme depuis le lancement de la CAN féminine. Mardi, leur victoire à l'arrachée en demi-finale contre le Ghana (1-0) a provoqué un concert de klaxons.
Gaëlle Enganamouit - meillleure joueuse africaine en 2015 - et ses co-équipières sont "brillantes". "Elles font la fierté du Cameroun", vante une vendeuse d'oranges, Virginie, dont la petite table qui sert de comptoir est installée à un carrefour bruyant d'Awae, un autre quartier populaire de Yaoundé.
"Une heure avant le début du match, je vais ranger ma marchandise et rentrer regarder le match à la télé", assure-t-elle.
Rachel, jeune gérante d'une boutique de vente de cartes de recharge pour portables, redoute les Nigérianes. "Je tremble un peu parce que le Nigeria a toujours été la bête noire des Camerounaises", rappelle-t-elle.
"Les Lionnes ont certes gagné tous leurs matchs, c'est un atout, mais cela n'enlève en rien ce que j'éprouve face aux Nigérianes", analyse-t-elle, promettant d'être devant son téléviseur dès le coup d'envoi du match.
Avec AFP