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Christian Tumi: "à un certain âge, il faut laisser le pouvoir"


Cardinal Tumi, au centre, lors du Grand dialogue national en au palais des congrès, le 4 octobre 2019 à Yaoundé.
Cardinal Tumi, au centre, lors du Grand dialogue national en au palais des congrès, le 4 octobre 2019 à Yaoundé.

Le cardinal Christian Tumi, archevêque émérite de Douala mort samedi  dernier, a souvent eu des points de vue discordants avec le gouvernement.

La voix pesante du cardinal Christian Tumi était singulière et son franc-parler connu de tous. Avant l’élection présidentielle de 2011, il a révélé avoir écrit au Président Paul Biya, "qu’à un certain âge, il faut laisser le pouvoir". Les médias d’Etat n’avaient pas manqué de le qualifier "d’un certain prélat".

Jusqu’à sa mort, cet originaire de la région du nord-ouest s’est investi pour la recherche des solutions au conflit qui oppose depuis 2016 les séparatistes à l’armée en zone anglophone.

"C’’est la responsabilité du président de la République de faire cesser la guerre", soutenait-il. Ajoutant qu’il était impératif que "l’armée retourne dans ses casernes immédiatement et que ces enfants qui retiennent les armes illégalement les déposent".

"Il a toujours prévenu le gouvernement sur d’éventuelles troubles qui pouvaient survenir au Cameroun, parce qu’il considérait la zone anglophone comme étant une poudrière", se rappelle Marie Jeanne Abega Marie Jeanne Abega, membre de la société civile.

Le cardinal Christian Tumi avait voulu organiser une "grande conférence anglophone", mais le gouvernement n’a pas validé cette initiative.

Malgré le poids de l’âge et un état de santé déjà fragile, il va prendre part au grand dialogue national. "Je crois qu’il avait les mains liées lors du grand dialogue mais il s’est exprimé à maintes reprises", confie à VOA Afrique Marie Jeanne Abega.

Les prises de positions du cardinal Tumi lui ont valu dès 1991, l’étiquette de "cardinal de l’opposition". Il a en effet milité activement pour l’avènement de la démocratie dans son pays.

Le cardinal rêvait aussi d’une alternance politique pacifique au Cameroun. Il a d'ailleurs préfacé l’ouvrage intitulé "L’Offre orange pour l’alternance, notre légitime ambition pour le pouvoir, la nouvelle génération s’engage". C’est sous l’impulsion du cardinal Tumi que l’église catholique a mis en place au Cameroun l’Observatoire chrétien des élections dont les rapports sont très attendus à l’issue de chaque scrutin.

Hilaire Kamga, coordonnateur du mouvement l'Offre Orange, a côtoyé Christian Tumi pendant 25 ans. Dans une vidéo en guise d’hommage, il affirme que "le cardinal s’en est allé, mais en même temps il laisse à ceux qui ont cru en lui et écouté ses conseils, cette mission de parachever cette œuvre".

Le jour de célébration de la fête chrétienne de Pâques, les catholiques ont rendu un vibrant hommage au premier cardinal Camerounais désigné en 1988 par le pape Jean-Paul II.

"Lorsque quelqu’un arrive au niveau de cardinal, c’est déjà un grand prince de l’Eglise, cela veut dire que l’Eglise entière a reconnu la valeur de cet homme. Nous devons prier pour que Dieu nous envoie un autre grand pasteur à la dimension de ce grand pasteur que nous pleurons aujourd’hui", souligne l'abbé Abraham Ndongo Minkala de la paroisse de Mvan à Yaoundé.

Le cardinal Christian Tumi a "longuement combattu l'injustice"
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