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Real-Barça, la rivalité qui rassemble une Espagne divisée


Le défenseur du Real Madrid Sergio Ramos et l'attaquant du FC Barça Lionel Messi à Madrid, le 16 août 2017.
Le défenseur du Real Madrid Sergio Ramos et l'attaquant du FC Barça Lionel Messi à Madrid, le 16 août 2017.

Le clasico Real Madrid-FC Barcelone, ce n'est pas seulement l'incarnation du conflit entre la capitale et la Catalogne, c'est aussi un trait d'union: avant les élections catalanes jeudi, personne en Espagne n'imagine se passer de ce rendez-vous centenaire du football mondial programmé samedi.

Tout oppose les supporters du Real, club "royal" lié aux cercles du pouvoir espagnol, et ceux du Barça, étendard de l'identité catalane. Quand les uns chantent "Viva España" au stade Santiago-Bernabeu, les autres scandent "Indépendance" et "Liberté" au Camp Nou.

Au pays du football-roi, les principaux acteurs de la crise politique catalane sont eux-mêmes de fervents supporters: le président du gouvernement espagnol Mariano Rajoy se veut "madridista" tandis que le dirigeant indépendantiste catalan Carles Puigdemont est "culé", même s'il soutient aussi Gérone, ville dont il a été maire.

"On dit habituellement du Real Madrid qu'il a des supporters plus conservateurs et plus 'espagnolistes'. Et de l'autre côté, Barcelone a habituellement un public considéré comme plus catalaniste, plus indépendantiste", explique à l'AFP le politologue Pablo Simon.

Pourtant, Madrilènes et Barcelonais ont un point commun: samedi, ils seront tous au stade Santiago-Bernabeu ou devant leur téléviseur pour supporter leur équipe.

Zidane: 'Ça réunit tout le monde'

"C'est un événement rassembleur. Personne ne veut voir ce match disparaître, même dans le cas d'une indépendance de la Catalogne", analyse le journaliste Sid Lowe, correspondant sportif du quotidien britannique The Guardian et auteur d'un livre sur la rivalité entre les deux clubs.

"Et personne à Barcelone ne veut renoncer à ce match même si cela contredit potentiellement ses opinions politiques ou sociales", souligne-t-il.

Car pour beaucoup, le match Real-Barça est une grand-messe. Un match à voir en famille ou entre collègues, où le ballon rond est plus prétexte aux retrouvailles qu'aux déchirements.

"Le foot est la chose la plus regardée et la plus aimée dans le monde entier. Forcément, ça réunit tout le monde", fait valoir l'entraîneur madrilène Zinédine Zidane, qui vit en Espagne depuis plus de quinze ans.

Comme le Français, aucune figure du football espagnol n'accepte la fin de ce duel. Même au plus fort de la crise catalane cet automne, tous souhaitaient que Madrid et Barcelone, dont la rivalité centenaire fait le sel du Championnat d'Espagne, puissent continuer à s'affronter de manière régulière.

Les clubs concernés en premier lieu. "Je n'envisage pas une Espagne sans la Catalogne, ni une Liga sans le Barça", déclarait en octobre Florentino Pérez, président du Real.

"Nous voulons jouer la Liga et aujourd'hui notre participation est garantie", assurait pour sa part le président du Barça Josep Maria Bartomeu, malgré son positionnement en faveur du "droit à décider" de la Catalogne.

La vie quotidienne paralysée

Car le clasico, pour les 47 millions d'Espagnols dont 7 millions de Catalans, c'est un moment de communion. Deux fois par an en Liga, voire davantage si les tirages au sort des autres compétitions en disposent ainsi, deux géants planétaires s'affrontent en duel.

Avec 650 millions de téléspectateurs, c'est le match de clubs le plus suivi au monde, avec les deux meilleurs joueurs au monde, Lionel Messi et Cristiano Ronaldo.

"Moi qui ait pu le vivre comme joueur, qui le vis comme entraîneur, ce sont des émotions incroyables. Quand arrive ce moment, on est focalisé sur ça et c'est beau de vivre ces instants-là", raconte Zidane.

En Espagne, même les personnes ne s'intéressant pas au football font une exception pour cette rencontre, qui figure au patrimoine culturel commun, au même titre que la célèbre loterie de Noël ("El Gordo") ou les festivités de Pâques ("Semana Santa").

"Le clasico génère une paralysie de la vie quotidienne en Espagne. C'est pourquoi on recommande toujours d'aller au théâtre ou au cinéma ce jour-là, parce que les salles sont vides", observe Pablo Simon.

Au point que la préservation du clasico, question semblant assez triviale, a été l'un des sujets les plus débattus dans l'actuelle crise catalane.

"C'est absurde parce qu'il y a tellement d'autres choses à résoudre", souligne Sid Lowe. "Mais c'est ce qui a le plus occupé les gens: Barcelone va-t-il rester en Liga ? Le clasico existera-t-il toujours ? Et personne ne veut perdre ça."

Avec AFP

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