L’épidémie d’Ebola a été freinée en Guinée, il s’agit à présent de l’éliminer. Le gouvernement guinéen peut-il y arriver alors que vous avez critique depuis le début sa gestion de la crise ?
Cellou Dalein Diallo : "Il y a une tendance à la baisse appréciable. Il faut améliorer la communication. Le gouvernement devrait associer tous les leaders d'opinion, y compris les partis politiques dans cette sensibilisation. Il y a eu, dans certains villages, de fortes résistances et le gouvernement a fait usage de la force. Je ne crois pas que cela soit la bonne méthode. Il faut davantage sensibiliser."
Comme en 2014, la croissance guinéenne devrait encore être en berne pour 2015. Avec cette épidémie d'Ebola, qui aurait pu faire mieux ?
Cellou Dalein Diallo : "Avant de parler de 2014, parlons de 2013, avant Ebola. L'économie guinéenne a cru de 2,3 %. Cela est trop faible alors que la Cote d'Ivoire a fait 9 %, la Sierra Leone 14,5 % et le Liberia 7 %. Ces pays sont moins nantis que la Guinée en potentiel économique. L'explication ce sont les politiques menées par le gouvernement d'Alpha Condé, elles ont découragé les investisseurs. Bien entendu, Ebola a aggravé cette crise."
L'année 2015 sera-t-elle une année électorale en Guinée ? Les élections locales ne sont toujours pas programmées tout comme la présidentielle.
Cellou Dalein Diallo : "On ne souhaite pas qu’il y ait un report à cause d’Ebola. La communauté internationale s’est déjà exprimée dans ce sens. Le Liberia a déjà tenu ses élections sénatoriales malgré l’épidémie. Malgré son engagement, il n’y a pas de volonté politique d’organiser ces élections légales. Le gouvernement compte s’appuyer sur les élus locaux, qui sont actuellement tous nommés par le pouvoir, pour mettre en œuvre la réélection frauduleuse d’Alpha Condé."
Comment comptez-vous faire pour qu'Alpha Condé quitte le pouvoir ?
Cellou Dalein Diallo : "Alpha Condé n'a pas répondu aux attentes de la population : il y a moins d'électricité, d'eau courante et de sécurité. Les gens souffrent. Notre défi est d'organiser des élections transparentes. Si c'est le cas, il n'y aura aucun problème pour dégager Alpha Condé."
Appelez-vous vos partisans à descendre dans la rue ?
Cellou Dalein Diallo : "Nous avons déjà commencé, depuis le 7 janvier, les manifestations pacifiques autorisées par la constitution. Nous allons forcer Alpha Condé à organiser des élections transparentes et organiser le scrutin communal avant la présidentielle."
N'est-ce pas jouer avec le feu d'appeler vos partisans à descendre dans la rue au vue des risques de violence ?
Cellou Dalein Diallo : "C'est un cout très élevé que nous payons mais on ne peut pas renoncer à nos droits, dès lors que la constitution nous autorise à marcher pacifiquement. J'espère que les forces de défense et de sécurité arrêteront de réprimer dans le sang ces marches autorisées. Nous allons utiliser la rue parce que le gouvernement ne veut pas de dialogue."
Vous avez reconnu votre défaite à la présidentielle en 2011. Etait-ce vraiment une défaite selon vous ?
Cellou Dalein Diallo : "Non ! Il y a eu beaucoup de complicités, internes et externes, qui ne voulaient pas que j'accède à la présidence de la république pour des raisons subjectives. Ils voulaient donner le pouvoir à Alpha Condé. C'était un complot. On n'acceptera plus ça. On se prépare pour exiger que le scrutin soit transparent."
Serez-vous candidat à la présidentielle ?
Cellou Dalein Diallo : "Je suis candidat à la candidature de mon parti."
Quel est votre avis concernant une candidature unique de l'opposition ?
Cellou Dalein Diallo : "Je ne crois pas que cela soit plus efficace. Il est bon que tous ceux qui le peuvent soient candidats, chacun dans ses fiefs. Au second tour, tout le monde se rallie derrière le mieux place pour battre Alpha Condé. C'est ça le vrai enjeu. Si on veut l'alternance, il faut tous se mettre d'accord qu'on se ralliera derrière celui de l'opposition qui sera qualifié pour le second tour. Quitte à partager le pouvoir par la suite pour sortir la Guinée de la misère et de la marginalisation."
Propos recueillis par Nicolas Pinault