"Jeunesse africaine, emparez-vous de l’œuvre du patriarche car elle vous appartient. Emparez-vous des leçons de courage, d’humilité, de générosité en somme d’humanisme de cet homme de 100 ans debout, énergique et tourné vers l’avenir en dépit du vieil âge. Cher Amadou Mahtar Mbow, joyeux anniversaire".
C’est par ces mots que le président sénégalais Macky Sall a ouvert le bal d’hommages et de reconnaissance au centenaire d’Amadou Mahtar Mbow. La cérémonie grandiose a eu lieu samedi au Musée des civilisations noires de Dakar où Mahtar Mbow est né, le 20 mars 1921.
Comme Macky Sall, plusieurs personnalités parmi lesquelles le Chef de l’Etat burkinabè, l’ancien président malien Alpha Omar Konaré, le représentant du Roi Mouhamed VI du Maroc, le ministre et ancien journaliste Abdoulatif Coulibaly, l’acteur culturel panafricaniste Didier Awadi et l’enseignant-syndicaliste Abdoulaye Ndoye ont respectivement évoqué l’empreinte que l’ancien directeur général de l’Unesco a laissé à l’Afrique et au monde.
Un activiste politique
L’historien et ancien ministre de l’éducation Kalidou Diallo a souligné son engagement politique. "Lorsque Charles De Gaulle a proposé la Société africaine, Amadou Mahtar Mbow et ses amis ont décidé de voter non donc ils ont quitté l’Union Progressiste Sénégalaise pour créer le PRA Sénégal et ont adhéré au PRA Continental. Il a démissionné du gouvernement parce qu’il était ministre de l’éducation nationale et devient opposant de 1958 à 1966", explique-t-il.
L’historien revient aussi sur la période d’opposant d’Amadou Mahtar Mbow. "Il faut d’abord retenir qu’il est membre fondateur du SUEL, Syndicat unique de l’enseignement laïc Sénégal - Mauritanie et membre du Conseil d’Administration même après son départ du ministère de l’éducation. Il s’est battu au sein de l’UGTAN, (l'Union générale des travailleurs d'Afrique noire) qui avait pour secrétaire général Sekou Touré et qui a bien sûr provoqué les grèves de 1959 et qui finalement a été dissout", se remémore-t-il.
L'enseignement avant tout
Malgré son engagement politique, Amadou Mahtar Mbow est resté foncièrement attaché à l’enseignement. L’historien Kalidou Diallo revient sur cet autre engagement du centenaire.
"Il est resté opposant mais surtout enseignant. Après sa fonction de ministre de l’éducation, il est affecté comme professeur donc il est retourné à la craie au lycée Faidherbe ensuite affecté à l’école normale supérieure de Dakar comme un professeur d’histoire. Et là avec les Pr Assane Seck et d’autres, ils ont créé l’association des professeurs d’histoire et de géographie et lui il était le Président de cette association pendant très longtemps et ils ont réorganisé surtout après 1964 à Abidjan pour créer de nouveaux programmes d’histoire et de géographie", affirme-t-il.
Cent ans et toujours debout pour l’Afrique. Amadou Mahtar Mbow instruit la jeunesse africaine de toujours rester alerte sur les défis actuels et futurs.
"Soyez fidèles à votre continent l’Afrique et soyez aussi des citoyens du monde. Le monde est un, l’évolution a fait que nous sommes devenus solidaires les uns des autres qu’on le veuille ou qu’on le veuille pas. Cette solidarité implique que la justice soit appliquée à tous et que les inégalités disparaissent", conseille-t-il.
Ce combat pour l’égalité, Amadou Mahtar Mbow dit le porter depuis toujours.
Pour lui, il faut un monde nouveau où tout le monde s’épanouirait à travers un développement durable fondé sur la science et la technologie qui fournissent à l’heure actuelle le moyen de surmonter toutes les insuffisances, toutes les difficultés et toutes les inégalités.