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Centrafrique : Faustin-Archange Touadéra élu président


Faustin-Archange Touadera, le 5 janvier 2013.
Faustin-Archange Touadera, le 5 janvier 2013.

La Commission électorale centrafricaine a annoncé samedi soir que Faustin-Archange Touadéra avait remporté l'élection présidentielle avec 62,71 % des voix.

Dernier Premier ministre de l'ex-président François Bozizé, dont le renversement en 2013 avait précipité la Centrafrique dans un cycle de tueries intercommunautaires, Faustin-Archange Touadéra, déclaré président élu samedi, prend la tête d'un pays à la dérive, miné par la pauvreté et l'instabilité.

M. Touadéra, 58 ans, mathématicien de formation, a remporté largement la présidentielle centrafricaine avec 62,71% des suffrages face à Anicet-Georges Dologuélé, crédité de 37,29%, selon les résultats du second tour annoncés par l'Autorité nationale électorale (ANE).

Ces résultats doivent encore être validés par la Cour constitutionnelle de transition.

M. Dologuélé, un des favoris parmi 30 candidats en lice, était pourtant arrivé en tête du premier tour (23,78%) le 30 décembre. Le score de M. Touadéra (19,42%), candidat "indépendant" qui avait fait une campagne discrète avec moins de moyens financiers que son adversaire, avait été la grande surprise de ce premier tour.

Les très bons scores enregistrés M. Touadéra dans les fiefs bozizistes de l'ouest lui ont valu le surnom de "candidat du peuple". Des scores qui montrent qu'il a bénéficié d'une frange importante de l'électorat traditionnel de Bozizé, dont le parti avait pourtant appelé à voter pour M. Dologuélé.

D'où lui vient cette popularité? Les fonctionnaires lui doivent d'abord la bancarisation de leurs salaires après plusieurs décennies d'atermoiements les conduisant à s'endetter lourdement, à cause de retards répétés dans les versements et des primes impayées.

"Il restera comme celui qui a payé les fonctionnaires, et il est très apprécié pour cela", souligne une source diplomatique à Bangui.

Résoudre une équation complexe

Sur le plan politique, M. Touadéra a conduit le dialogue réunissant à Bangui fin 2008 le pouvoir, l'opposition, la société civile et les mouvements rebelles, à l'issue duquel ont été signés plusieurs accords de paix avec les rébellions.

Ces accords n'auront cependant pas évité à la Centrafrique de sombrer en 2013.

Le renversement du président François Bozizé, en mars 2013, par la rébellion à dominante musulmane de la Séléka de Michel Djotodia avait précipité la Centrafrique dans un cycle de violences inter-communautaires qui a culminé fin 2013 par des massacres à grande échelle et le déplacement forcé de centaines de milliers de personnes.

D'un naturel effacé et modeste, M. Touadéra a la réputation d'être un "bosseur". D'ailleurs, durant sa primature, il n'a pas cessé d'enseigner à l'université de Bangui.

Professeur en mathématiques pures, diplômé de l'université de Lille 1 (France) et de Yaoundé où il a obtenu un doctorat d'État, l'universitaire a été longtemps enseignant à l'École normale supérieure (ENS) de Bangui, avant de devenir recteur de l'université de Bangui en 2005.

Un de ses proches affirme qu'"il n'a pas couru vers la politique. C'est plutôt la politique qui est venue vers lui pour exploiter ses qualités".

Ses qualités et ses talents de mathématicien seront très rapidement sollicités à la tête de la Centrafrique pour résoudre une équation particulièrement complexe: remettre sur les rails un pays meurtri et déchiré, à l'économie dévastée et dont l'administration a disparu dans des régions entières, sous la coupe de bandes armées depuis des années.

Et comme ses prédécesseurs, il devra compter sur la communauté internationale pour faire fonctionner l'Etat et assurer la sécurité d'un pays marqué par les coups d'Etat, les rébellions et les mutineries.

Actuellement 10.000 Casques bleus et environ 900 soldats français de la force Sangaris sont chargés de cette mission.

AFP

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