"Très, très, très déçu", l'international français Mathieu Valbuena a mis en cause son coéquipier des Bleus Karim Benzema dans l'affaire du chantage à la sex-tape en l'accusant de l'avoir "indirectement" incité à payer, vendredi lors de sa première prise de parole publique.
Ces accusations fragilisent encore un peu plus l'équipe de France à six mois et demi de l'Euro-2016 à domicile, et renforcent les doutes sur la capacité des deux hommes à jouer à nouveau ensemble. Ce qu'ils ne peuvent de toute façon pas faire pour l'instant en raison des conditions du contrôle judiciaire imposé à Benzema, mis en examen le 5 novembre.
Quel a été son rôle dans cette affaire? Valbuena, dont les déclarations étaient très attendues, assure avoir été "incité" par le joueur du Real Madrid à rencontrer ses maîtres chanteurs: "Inciter, ça veut dire 'Il va falloir que tu payes'. Indirectement", précise le footballeur de l'Olympique lyonnais, 31 ans, dans un entretien au quotidien français Le Monde.
Les deux joueurs avaient eu une conversation le 5 octobre, au centre d'entraînement de Clairefontaine. Benzema, pressé par un ami d'enfance complice des maîtres chanteurs, était censé mettre un coup de pression sur son co-équipier, afin qu'il paie, selon une source proche du dossier.
Le joueur mis en cause, s'il a reconnu en garde à vue l'existence de cette conversation et son rôle attendu d'intermédiaire, s'est toujours défendu d'intentions crapuleuses.
"Prendre les gens pour des idiots"
"Dans sa façon de parler, il n'a pas été agressif, il ne m'a pas parlé d'argent concrètement, directement", concède Valbuena au Monde, "mais quand tu insistes pour me faire rencontrer quelqu'un... pffff. Moi, j'ai jamais vu quelqu'un qui va faire détruire une vidéo gratuitement juste parce qu'il m'adore!", charge-t-il. "Faut éviter de prendre les gens pour des idiots".
Benzema a été mis en examen le 5 novembre, notamment pour "complicité de tentative de chantage", avec interdiction de rencontrer son coéquipier. Une mesure qui prive de fait l'équipe de France d'un duo clé à l'approche de l'Euro-2016.
Davantage que le racket en soi, c'est d'ailleurs l'implication d'un "collègue de l'équipe de France" qui est difficile à encaisser, affirme Valbuena.
Celui-ci, entendu le 20 novembre par le juge d'instruction de Versailles en charge de dossier, ne s'était jusque-là pas exprimé publiquement, se retranchant derrière le "secret de l'instruction".
Les trois maîtres chanteurs présumés, ainsi que le désormais fameux ami d'enfance de Benzema, Karim Zenati, ont tous été mis en examen et écroués. Ils avaient tenté de faire chanter Valbuena, après que le joueur s'était fait dérober cette vidéo intime. Valbuena avait alors immédiatement prévenu la police.
"Lorsque je me rends à ma première audition, je suis loin d'imaginer qu'il y a Karim Benzema dans cette histoire. Mais bon, les enquêteurs n'ont pas attendu de savoir ce qu'il s'est dit entre Karim et moi pour qu'il soit mis en examen. D'ailleurs, les policiers m'ont dit: 'Ne vous en faites pas, on n'a pas besoin de votre témoignage'", affirme le footballeur.
"C'est quand même bizarre"
Il raconte également avoir reçu un appel de Benzema après que l'affaire a éclaté, passé le 20 octobre "pas avec son téléphone et pas sur le mien, mais sur celui d'un membre du staff de Lyon".
"Il me dit: 'Mat, mon nom est sorti, c'est quoi ce bordel, je ne peux pas être dans des affaires comme ça...' Je lui réponds: 'Karim, écoute, y a rien de spécial, t'as rien fait, y a pas de souci'. Mais au fond de moi, je me dis que c'est quand même bizarre qu'il ait voulu me faire rencontrer cette personne-là", raconte Valbuena.
Durant cette même conversation, selon Valbuena, Benzema lui demande de démentir son implication: "C'est chaud, ça va prendre des proportions de fou, moi j'ai une fille et tout", lui aurait dit Benzema.
"Si un jour je dois le faire, je le ferai, je l'ai fait pour Djibril... Mais pour l'instant, je ne peux rien faire", a répondu Valbuena, en référence à l'ancien attaquant des Bleus Djibril Cissé, entendu lui aussi par les enquêteurs au début de l'affaire, avant d'être innocenté.
Valbuena l'assure: "La grosse différence entre Djibril et Karim, c'est que Djibril ne m'a jamais demandé de rencontrer quelqu'un. Alors que Karim, lui, l'a fait".
AFP