Sur la vidéo de 30 minutes, diffusée sur Facebook Live et qui a beaucoup circulé sur les réseaux sociaux, on peut voir les quatre jeunes suspects, deux hommes et deux femmes, en train d'infliger des sévices au jeune homme et de répéter en criant (des insultes contre Donald Trump et les Blancs).
La victime est filmée, prostrée dans un coin de la pièce, bâillonnée avec du ruban adhésif et semble avoir les mains et les pieds attachés. Ses vêtements sont en partie découpés, une partie de ses cheveux sont coupés voire rasés, et son crâne présente une blessure qui saigne.
L'agression a duré au moins six heures, selon les enquêteurs.
Aucun remords
Les suspects "ont admis l'avoir frappé, lui avoir donné des coups de pied. Ils lui ont fait boire de l'eau des toilettes (...) et ont coupé une partie de son cuir chevelu", a précisé jeudi Kevin Duffin, commandant de la police de Chicago, au cours d'une conférence de presse.
"Je ne comprends pas pourquoi quelqu'un peut vouloir mettre cela sur Facebook", a-t-il ajouté, indiquant que les quatre personnes actuellement en détention n'avaient exprimé aucun remords.
Trois d'entre elles sont âgées de 18 ans et une quatrième de 25 ans. Les suspects ont été identifiés par la police comme étant Jordan Hill, Tesfaye Cooper, Brittany Covington et Tanishia Covington, deux soeurs.
Ils sont visés par plusieurs chefs d'inculpation parmi lesquels enlèvement, coups et blessures, effraction et crime raciste, une circonstance valant peine aggravée aux Etats-Unis.
La victime, présentée par les autorités comme souffrant d'un handicap mental, a été enlevée dans une banlieue de Chicago et conduite dans un quartier du sud-ouest de la ville où elle a été séquestrée entre 24 et 48 heures, a déclaré la police, précisant que l'un des suspects, Jordan Hill, avait connu la victime à l'école.
Ce dernier a quitté l'hôpital où il avait été admis à la suite des faits, mais reste traumatisé et a du mal à communiquer avec les enquêteurs, selon les autorités.
Sauvagerie
Même si les enquêteurs n'ont fourni aucun élément en ce sens, les commentateurs des médias ultra-conservateurs ont rapidement dénoncé une agression contre un partisan du président élu républicain Donald Trump par des individus liés, selon eux, au mouvement Black Lives Matter, né de la contestation contre des abus policiers visant la population noire.
"Mobilisez-vous avec moi pour demander justice à Chicago dans le passage à tabac d'un supporter handicapé de Trump par BLM", en référence à Black Lives Matter, a notamment tweeté le commentateur politique Glenn Bleck, situé très à droite.
De nombreux messages de soutien à la victime sont apparus sur les réseaux sociaux avec la mention #BLMKidnapping.
Le président Barack Obama a qualifié cette agression d'"abjecte", lors d'un entretien prévu de longue date avec une chaîne de télévision de Chicago, sa ville d'adoption.
"Nous avons vu émerger, je pense, beaucoup de problèmes qui existaient depuis longtemps", a-t-il ajouté. "Que ce soient des tensions entre la police et les minorités, des crimes racistes aussi abjects que ce que nous venons juste de voir apparaître sur Facebook".
Mais il a estimé que les prochaines générations parviendraient à améliorer les relations raciales.
De son côté, le militant pour les droits civiques Jesse Jackson, qui réside à Chicago, a publié un communiqué dénonçant tout lien avec le mouvement.
"Cet acte de brutalité et de sauvagerie retransmis sur Facebook Live n'a rien à voir avec notre lutte pour les droits civiques et sociaux (...). C'est un effondrement moral et spirituel".
Jedidiah Brown, un activiste de Chicago, a écrit sur Facebook que la violence endémique de la ville, qui a fait un record de plus de 750 morts par armes à feu en 2016, était une partie du problème.
"A Chicago, nous avons développé une telle culture de la violence", a-t-il dit. "Nous sommes en train de mettre en échec la génération qui vient après nous".
Avec AFP