En juillet, le gouvernement avait annoncé en grande pompe au salon aéronautique britannique de Farnborough que Nigeria Air commencerait ses activités à la fin de l'année 2018. La nouvelle compagnie aérienne devait remplacer Nigeria Airways, qui avait fait faillite en 2003 sous le poids de ses dettes, victime d'une mauvaise gestion et de la corruption.
Mais mercredi, le ministre de l'aviation Hadi Sirika a annoncé avec "regret" sur son compte tweeter "la difficile décision de suspendre" le plan de lancement de Nigeria Air, sans donner de détails.
La création d'une nouvelle compagnie aérienne nationale était une promesse du président Muhammadu Buhari.
Un fonctionnaire de la présidence, qui a requis l'anonymat, a déclaré à des journalistes que la décision avait été prise en raison de problèmes de financement.
"L'équipe de gestion économique présidée par le vice-président (Yemi Osinbajo) n'a pas donné son feu vert", a souligné ce responsable.
"Elle a recommandé que le gouvernement ne mette pas en place une compagnie nationale avec des fonds publics, mais que le ministère des Transports accélère la recherche d'un partenaire qui financera et dirigera la nouvelle compagnie aérienne", a-t-il précisé.
Sur les réseaux sociaux, les Nigérians ont dénoncé l'argent dépensé pour ce projet avorté, exigeant de savoir quels montants avaient déjà été engagés pour sa promotion, à un moment où l'économie se remet d'une récession.
Déception de l'industrie
Le gouvernement s'était engagé à couvrir les frais de lancement à hauteur de 300 millions de dollars (256 millions d'euros).
Au cours des 35 dernières années, plus de 40 compagnies aériennes ont fait faillite au Nigeria, où les vols intérieurs sont régulièrement en proie à des retards ou à des annulations. Et les compagnies aériennes étrangères dominent les routes internationales les plus fréquentées vers l'Europe, l'Amérique du Nord et le Golfe.
Le secrétaire général du Syndicat national des employés du transport aérien, Olayinka Abioye, a qualifié de "très triste" et de "malheureuse" l'annonce de la suspension du lancement de la nouvelle compagnie nationale. "Une compagnie aérienne battant notre pavillon aurait été un symbole de prestige et de fierté nationale. Cela aurait permis de créer des emplois pour nos concitoyens et d'attirer les investissements étrangers nécessaires ", a-t-il poursuivi.
"Le secteur privé, qui devait être le moteur du projet, n'a pas été suffisamment associé", a-t-il regretté.
Supo Atobatele, rédacteur en chef d'Air Transport Quarterly et ancien porte-parole de l'agence nationale de contrôle de l'espace aérien (NAMA), a assuré que la création d'une compagnie nationale restait nécessaire: "Le Nigeria est un hub régional, en raison de son importante population et l'absence de compagnie nationale laisse un fossé béant dans le transport aérien".
"L'arrivée d'un transporteur national stimulerait la concurrence, améliorerait les services et réduirait les coûts du transport aérien", a-t-il jugé, ajoutant qu'au lieu d'être le bailleur de fonds, le gouvernement devrait s'associer à des investisseurs locaux et étrangers pour gérer la compagnie aérienne.
Les offres devraient faire l'objet d'une information publique pour les investisseurs et le processus devrait être juste et transparent, a-t-il demandé. "Nous devons éviter de commettre à nouveau les erreurs du passé, qui ont provoqué la chute de Nigeria Airways".
Avec AFP