Lors de la présentation du rapport annuel sur la situation des droits humains en Colombie, le représentant de la Haute commissaire Michelle Bachelet a défendu l'accord signé fin 2016, qui a permis le désarmement de l'ex-rébellion marxiste et mis fin à plus de 50 ans de confrontation armée.
"Le gouvernement actuel aura la responsabilité historique de poursuivre la complète application de l'accord de paix", a déclaré Alberto Brunori. "Il ne peut y avoir de marche arrière".
Le président Ivan Duque, soutenu par la droite dure et les conservateurs, entend modifier certains points du système de justice de paix, issu du pacte signé par son prédécesseur, le Nobel de la Paix Juan Manuel Santos, et les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc).
L'accord prévoit que les auteurs de crimes graves durant le conflit, ex-guérilleros comme militaires, bénéficient de peines alternatives à la prison s'ils avouent leurs forfaits, dédommagent les victimes et s'engagent à ne plus recourir à la violence.
"La construction d'une paix stable et durable dépend de la validation urgente et de la promulgation sans délais du projet de loi statutaire de la Justice spéciale pour la paix (JEP)", a ajouté M. Brunori.
M. Duque a annoncé dimanche dernier qu'il ferait objection devant le Congrès sur six des 159 articles de ce texte, et qu'il présenterait un projet de réforme constitutionnelle pour modifier trois points du statut de la JEP, voté par le parlement en 2017 et approuvé par la Cour constitutionnelle.
Les réformes voulues par le Chef de l'Etat, qui ne bénéficie pas d'une majorité parlementaire stable, visent à modifier les mesures empêchant l'extradition aux Etats-Unis de membres du parti Farc, issu de l'ex-guérilla, pour des crimes commis avant l'accord.
Le gouvernement entend aussi exclure de tout bénéfice pénal les auteurs de crimes sexuels sur mineurs, commis pendant le conflit, ainsi que les récidivistes d'activités criminelles.
Le bureau de l'ONU a en outre jugé "préoccupante" la situation des droits humains en Colombie, notamment les assassinats de militants et de leaders communautaires.
Certains cas sont liés aux "retards substantiels de l'application" de l'accord de paix, selon les Nations unies. M. Brunori a fait état de 113 homicides pour la seule année 2018.
Avec AFP