Liens d'accessibilité

Dernières nouvelles

Colombie: Santos tente de sauver l'accord de paix, rencontre ses rivaux


"La Colombie a dit Non" pouvait-on lire en Une suite au référendum sur l'accord avec la guérilla des Farc, Bogota, le 3 octobre 2016.
"La Colombie a dit Non" pouvait-on lire en Une suite au référendum sur l'accord avec la guérilla des Farc, Bogota, le 3 octobre 2016.

Le président colombien Juan Manuel Santos rencontrait mercredi ses opposants, les vainqueurs du référendum contre l'accord avec la guérilla des Farc, censé selon ses partisans mettre fin à plus d'un demi-siècle de conflit armé.

"Il s'agit de chercher des dénominateurs communs, de savoir quelles sont leurs préoccupations, quelles sont leurs observations", a déclaré le chef de l'Etat devant la presse, avant de rencontrer ses rivaux.

M. Santos, qui a juré de mettre fin à la guerre fratricide qui déchire le pays, a d'abord rencontré l'ex-chef de l'Etat Andrés Pastrana (1998-2002), promoteur d'une précédente tentative de paix, les dialogues du Caguan, qui avait échoué au bout de quatre ans de pourparlers dans ce bastion des Farc du sud-est de la Colombie.

Le président centriste recevait ensuite, également à huis clos, son prédécesseur de droite, Alvaro Uribe (2002-2010), le plus farouche des opposants à l'accord conclu avec la guérilla marxiste des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), et qui prévoyait son désarmement, ainsi que sa reconversion en mouvement politique légal.

A l'issue de sa rencontre avec M. Santos, Andrés Pastrana a déclaré avoir demandé la mise en place "immédiate" des zones où les rebelles doivent de rassembler pour déposer leurs armes selon un processus prévu sur six mois et sous supervision de l'ONU.

- Trouver une solution au conflit -

Avant de se rendre au rendez-vous avec M. Santos, son ancien ministre de la Défense qu'il considère aujourd'hui comme un "traitre" et qu'il a maintes fois refusé de rencontrer depuis près de cinq ans, Alvaro Uribe a pour sa part lancé un message aux partisans de l'accord avec la guérilla.

"La Colombie a aujourd'hui la possibilité de construire une patrie qui relie tous les citoyens", a déclaré l'ex-président, qui a dénoncé le "laxisme" des sanctions prévues par l'accord contre les auteurs des crimes les plus graves et que l'entrée en politique des guérilleros démobilisés, en agitant le spectre d'un basculement du pays vers un castro-chavisme, inspiré des régimes cubain et vénézuélien.

M. Santos avait déclaré mardi soir qu'il espérait pouvoir "avancer (...) pour concrétiser les dispositions et les accords qui nous permettent de mettre en oeuvre la solution à ce conflit", qui a fait plus de 260.000 morts, 45.000 disparus et 6,9 millions de déplacés, impliquant diverses guérillas d'extrême gauche, paramilitaires d'extrême droite et forces armées.

M. Uribe, actuellement sénateur et patron du Centre démocratique, a été à la tête de la campagne pour le "Non" au référendum de dimanche sur l'accord avec les rebelles signé le 26 septembre par M. Santos et le commandant en chef des Farc, Rodrigo Londoño, plus connu sous ses noms de guerre de Timoleon Jiménez ou Timochenko.

- Marches blanches pour la paix -

Ce scrutin, qui s'est soldé par 50,21% pour le "Non" et 49,78% pour le "Oui" avec une abstention d'environ 62%, a montré un pays polarisé et peu mobilisé pour une consultation non obligatoire, mais que le chef de l'Etat avait voulue afin de donner une "plus large légitimité" à la paix.

Les Farc ont pour leur part réitéré mercredi leur souhait d'en finir avec la confrontation armée, annonçant sur Twitter qu'elles "maintenaient leur volonté de paix".

La veille pourtant, le président colombien a posé la date limite du 31 octobre au cessez-le-feu, à l'origine difinitif, qu'il avait décrété le 25 août au lendemain de la conclusion de l'accord avec les Farc à La Havane, où se tenaient les pourparlers depuis presque quatre ans.

"Et ensuite la guerre continue?", s'est interrogé Timochenko sur Twitter.

La crise suscitée par le référendum semble avoir provoqué un sursaut dans les milieux universitaires et de gauche, qui ont appelé à des rassemblements de soutien à la paix mercredi en fin de journée dans plusieurs villes du pays et aussi à l'étranger comme à Paris et New York.

A Bogota, une marche blanche et silencieuse, bougies en main, devrait rallier à la nuit tombée la place Bolivar, coeur de la capitale où se trouvent à la fois le Parlement et le palais présidentiel Casa de Nariño, où Juan Manuel Santos a choisi de rencontrer ses adversaires.

Avec AFP

XS
SM
MD
LG