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Combats près de Tripoli: un millier de morts dont des migrants en trois mois


Des migrants et réfugiés refusent de débarquer d’un bateau, dans le port de Misrata (ouest), Libye, 16 novembre 2018. (Amnesty International)
Des migrants et réfugiés refusent de débarquer d’un bateau, dans le port de Misrata (ouest), Libye, 16 novembre 2018. (Amnesty International)

Environ 1.000 personnes ont été tuées en trois mois de combats entre camps rivaux près de la capitale libyenne Tripoli, y compris des dizaines de migrants qui ont péri cette semaine dans le bombardement de leur centre de détention, a annoncé vendredi l'ONU.

Le 4 avril, les troupes du maréchal Haftar, l'homme fort de l'est libyen, ont lancé une offensive pour s'emparer de Tripoli, où siège leur rival, le Gouvernement d'union nationale (GNA), reconnu par l'ONU.

Les combats au sol et les raids aériens dans la bataille de Tripoli ont en outre poussé selon l'ONU plus de 100.00 personnes à la fuite, dans un pays miné depuis 2011 par des luttes de pouvoir et livré à des milices qui font la loi.

Selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), près de 1.000 personnes ont été tuées et plus de 5.000 blessées dans les violences aux portes de Tripoli. L'OMS n'a pas précisé le nombre exact des victimes civiles et militaires.

Parmi les morts figurent 53 migrants tués mardi soir dans un raid aérien contre leur centre de détention à Tajoura, une banlieue-est de Tripoli aux mains du GNA. Ce dernier a accusé les forces pro-Haftar de la frappe mais celles-ci ont démenti.

A Genève, un porte-parole de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), Joel Millman, a précisé que six enfants figuraient parmi les migrants tués.

Selon lui, "350 migrants, dont 20 femmes et quatre enfants, seraient toujours détenus" dans ce centre dont l'un des cinq hangars touché de plein fouet par la frappe a été détruit.

"Tragédie"

Dans une vidéo des caméras de surveillance du centre, circulant sur les réseaux sociaux, on peut voir des personnes marcher avant une forte explosion qui a laissé derrière elle un gros nuage de fumée noire et de poussière.

Les agences de l'ONU et organisations humanitaires ont maintes fois exprimé leur inquiétude sur le sort de milliers de migrants et réfugiés "en danger dans des centres de détention situés près de zones de combats".

"Les coordonnées de ces centres de détention à Tripoli sont bien connues des deux parties du conflit", a déclaré à Genève le porte-parole du Haut-Commissariat aux Réfugiés, Charlie Yaxlie, estimant que le carnage de Tajoura était "une tragédie qui n'aurait jamais dû se produire".

L'ONU et les ONG rappellent aussi régulièrement leur opposition à ce que les migrants arrêtés en mer soient ramenés en Libye, en proie au chaos depuis la chute de Mouammar Kadhafi après une révolte en 2011, et où ils se retrouvent placés "en détention arbitraire" ou à la merci de milices.

Malgré une insécurité persistante, la Libye reste un important point de transit pour les migrants en grande partie africains cherchant à joindre l'Europe.

D'après l'ONU, les centres de détention dans ce pays comptent 5.700 réfugiés et migrants, dont 3.300 sont en position de vulnérabilité face aux combats.

Avion abattu

Venues de leur fief dans l'est libyen, les troupes de M. Haftar tentent de s'emparer de Tripoli mais font face à une résistance des forces du GNA.

Ces dernières sont passées à la contre-attaque en s'emparant fin juin de la ville de Gharyan, dont le maréchal avait fait son centre opérationnel, à une centaine de km de Tripoli.

Après ce revers, les pro-Haftar ont menacé d'intensifier leurs frappes contre leurs rivaux.

Les deux camps mènent quotidiennement des raids aériens. Ils ont perdu plusieurs avions.

Jeudi soir, le porte-parole des forces pro-Haftar, Ahmad al-Mesmari, a annoncé que celles-ci avaient abattu un avion L39 Albatros près de la ville de Tarhouna, une base arrière des troupes du maréchal Haftar, à 80 km au sud-est de Tripoli.

Le porte-parole des forces du GNA a confirmé que le contact avec un avion L39 avait été "perdu", sans plus de détails.

Mettant à profit les divisions internationales sur le dossier libyen, les deux camps rivaux restent persuadés de pouvoir l'emporter grâce à leurs soutiens: le GNA bénéficie de l'appui de la Turquie et le maréchal Haftar de celui des Emirats arabes unis et de l'Egypte. Et selon des experts, M. Haftar est soutenu désormais par Washington.

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