L'appareil est le premier affrété dans le cadre d'un pont aérien humanitaire civil annoncé samedi par l'Union européenne pour venir en aide aux populations affectées par les combats.
Goma est le chef-lieu du Nord-Kivu, province dans laquelle le M23, soutenu par le Rwanda selon Kinshasa et des experts de l'ONU, a conquis depuis l'année dernière de vastes pans de territoire. La plupart des voies terrestres d'approvisionnement de la cité sont coupées et Goma se retrouve coincée entre le Rwanda à l'est, le lac Kivu au sud et les rebelles au nord et à l'ouest.
La ville compte plus d'un million d'habitants, auxquels se sont ajoutés des milliers de déplacés de guerre, chassés de leurs villages par les combats. L'avion d'aide a notamment apporté des abris d'urgence, des kits d'hygiène et des médicaments. À Genève, le Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) a fait part de son inquiétude pour les nombreux déplacés du conflit. En un an, plus de 800.000 ont dû fuir leurs maisons et rien qu'en février ils étaient 300.000.
"Les besoins des populations vulnérables se multiplient, alors que les conditions déjà difficiles se détériorent et que les ressources des sites surpeuplés cèdent sous la pression des nouveaux arrivants", a déclaré Matthew Saltmarsh, porte-parole du HCR. Les équipes humanitaires, a-t-il ajouté, font en outre état de "témoignages horribles de violations des droits humains".
Sur le terrain, selon des sources locales, après une journée d'accalmie jeudi, les affrontements ont repris tôt vendredi à l'ouest de Goma, au niveau du village de Murambi, à moins de 30 km de la ville. Entre ce village et Goma se trouve la cité de Saké, considérée comme le dernier verrou sur la route vers la capitale provinciale.
"La population est de nouveau dans la psychose", a déclaré par téléphone à l'AFP Léopold Busanga, président de la société civile de Saké. D'autres combats sont signalés plus au nord, à environ 70 km de Goma, selon un responsable local. Après plusieurs annonces d'arrêt des hostilités restées sans effet ces derniers mois, un cessez-le-feu était censé entrer en vigueur mardi.
La veille, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, exhortait la rébellion à se conformer à cette trêve, tandis que samedi, le président français Emmanuel Macron, en visite à Kinshasa, menaçait de sanctions les parties au conflit qui ignoreraient cette nouvelle échéance. Mais les armes ne se sont pas tues et le M23 a continué à étendre son territoire.
Une délégation du Conseil de sécurité de l'ONU est arrivée jeudi soir à Kinshasa pour une visite de trois jours en RDC. Elle doit séjourner samedi et dimanche à Goma.