Une pierre tombale commémorative doit être dévoilée sur Shark Island, petite péninsule au large de la ville de Lüderitz (sud), qui abritait un camp de concentration – l'un des nombreux mis en place sous l'ère allemande dans le cadre d'un système de répression.
"Shark Island n'était pas seulement un camp de concentration, c'était un camp de la mort", souligne Nandiuasora Mazeingo, responsable de la Fondation sur le génocide Ovaherero, qui milite pour que les descendants des victimes obtiennent justice. La Namibie n'a pas de jour officiel pour commémorer ce que les historiens considèrent comme le premier génocide du XXe siècle. "Nous avons pris sur nous pour une date de commémoration, à Shark Island", dit-il.
L'Allemagne a été responsable entre 1904 et 1908 de massacres de dizaines de milliers de personnes appartenant aux peuples indigènes Herero et Nama, qui se rebellaient contre la domination coloniale. Plusieurs milliers de personnes sont mortes dans le camp de Shark Island, où les détenus étaient soumis au travail forcé et aux brimades. Au total, au moins 60.000 Hereros et environ 10.000 Namas furent tués entre 1904 et 1908.
Shark Island est désormais un lieu de villégiature géré par l'État, au grand dam des descendants de victimes. "Il est important pour nous de nous souvenir d'où nous venons et ce que nous avons traversé", estime Veronique Kuchekana-Chirau, qui enseigne l'histoire du génocide aux enfants namibiens par le théâtre et les arts.
En mai 2021, après plus de cinq ans d'âpres négociations, l'Allemagne a annoncé qu'elle reconnaissait avoir commis un "génocide" dans ce territoire d'Afrique australe qu'elle a colonisé entre 1884 et 1915, et a promis une aide au développement de 1,1 milliard d'euros sur 30 ans devant profiter aux descendants des deux tribus. Mais la Namibie a demandé à l'Allemagne de renégocier l'accord, sans préciser quelles modifications avaient été demandées.