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Comment les Egyptiens dominent le squash mondial


Le numéro 3 de squash mondial, lors d'un entraînement au Caire, le 9 janvier 2018.
Le numéro 3 de squash mondial, lors d'un entraînement au Caire, le 9 janvier 2018.

Entre quatre murs, les squasheurs Egyptiens sont aujourd'hui incontournables: après avoir révolutionné le jeu en le rendant offensif, créatif et divertissant, ils sont devenus les maîtres de la petite balle de caoutchouc.

Parmi les dix premiers joueurs du classement mondial, six sont Egyptiens. Si le numéro un mondial est actuellement le Français Grégory Gaultier, les quatre joueurs suivants sont Egyptiens.

Arrivé en Egypte avec l'occupation britannique, le squash a connu un certain succès dans le pays dès les années 1930. Mais ce n'est que dans les années 1990 que les Egyptiens commencent à tutoyer les sommets du classement mondial.

Les exploits égyptiens se sont multipliés après le tournoi international d'Al-Ahram, sur le site des Pyramides de Guizeh en 1996. Le jeune Ahmed Barada qui parvient jusqu'en finale, devient l'idole des jeunes squasheurs égyptiens.

"Ce fut un grand changement pour nous de croire que nous pouvions devenir des champions, et que quelqu'un l'a fait avant nous", confie l'ancien numéro un mondial Karim Darwish.

Triple champion du monde (2008,2012, 2014), Ramy Ashour fait aujourd'hui figure de joueur le plus populaire au monde, malgré son absence aux derniers tournois en raison de blessures.

Modèle égyptien

A la tête de la plus grande académie de squash du pays au club de Wadi Degla, Karim Darwish transmet aux champions de demain un des secrets de la réussite égyptienne.

"Nous devons leur enseigner les bonnes bases du sport (...) mais ensuite leur laisser un espace pour la créativité", explique-t-il.

Son prédécesseur à la tête du classement mondial, Amr Shabana, le premier Egyptien à accéder à ce rang en 2006, en sait quelque chose.

Un entraînement moins restrictif qu'à l'accoutumée permet ainsi aux joueurs de développer leur propre style, confirme Shabana, que l'on surnommait "Le Prince du Caire".

A la créativité, s'ajoute l'indispensable agilité. "C'est comme notre façon de conduire: sous pression", ironise-t-il, en référence à la circulation anarchique sur les routes encombrées du Caire.

Pour Shabana, quadruple champion du monde et désormais consultant auprès de joueurs égyptiens depuis qu'il a pris sa retraite à 36 ans, réactivité et imprévisibilité sont les maître-mots.

Avant l'offensive égyptienne sur le squash mondial, "il n'y avait pas assez de joueurs pour remplir les tournois (locaux), alors les filles jouaient avec les garçons, et les garçons jouaient avec les hommes adultes", explique Shabana qui a lui-même intégré les tournois masculins dès l'âge de 12 ans.

Résultat, les professionnels égyptiens ont développé un mode de formation efficace pour ces jeunes joueurs précoces.

Aujourd'hui, ce triomphe semble parti pour durer. "C'est comme une chaîne de production incessante (...) vous ne pouvez que constater que l'ère égyptienne de la domination se poursuit", souligne Alan Thatcher, rédacteur en chef du site Squash Mad.

Ce dernier évoque notamment les compétitions de jeunes ou juniors, où, dit-il, les Egyptiens dominent toutes les catégories d'âge ces dernières années.

Selon lui, les Egyptiens ont imposé un nouveau squash, loin des traditionnels échanges de balles interminables destinés à user l'adversaire.

"Le modèle égyptien semble produire des joueurs offensifs qui peuvent battre les meilleurs et jouer un squash extraordinairement divertissant", analyse Thatcher.

"C'est toujours un défi incroyable d'affronter un joueur égyptien", confirme Nick Matthew, le meilleur joueur d'Angleterre, berceau de la discipline.

Les Egyptiennes aussi

Les Egyptiennes ont rapidement suivi leurs compatriotes masculins dans cette ascension. Nour El Sherbini est aujourd'hui numéro un mondial, Raneem El Welily, numéro 2, Nouran Gohar, numéro 5 et Nour El Tayeb, numéro 7.

La concurrence est ainsi acharnée en Egypte. "Nous avons un tournoi de squash toutes les deux semaines" pour garder les athlètes en forme, précise Nouran Gohar. "La compétition est féroce", dit la joueuse de 20 ans.

Mais après la fureur des matches, les joueurs égyptiens affichent une grande complicité, comptant même dans leurs rangs des fratries et couples mariés.

C'est le cas d'Ali Farag et de Nour El Tayeb, qui ont défrayé la chronique à l'automne dernier en remportant chacun l'US Open de 2017, le même jour. Une première historique.

Avec AFP

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