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L'opposition se dit indignée après l'exclusion de deux candidats à la présidentielle


Azali Assoumani, président des Comores, à un bureau de vote, à Mitsoudje, près de Moroni, Comores, le 30 juillet 2018.
Azali Assoumani, président des Comores, à un bureau de vote, à Mitsoudje, près de Moroni, Comores, le 30 juillet 2018.

"Hold-up", "forfaiture", "coup tordu"... L'élimination par la justice des deux principaux adversaires du chef de l'Etat Azali Assoumani de la course à la présidentielle aux Comores a suscité l'indignation, et l'abattement, de l'opposition.

"On s'attendait à un coup tordu mais certainement pas à ça", confie, encore sous le choc, l'ancien ministre Elarif Oukacha, un des chefs de l'opposition sur l'île de Moheli.

Samedi, la Cour suprême, la plus haute instance judiciaire de l'archipel, a jeté un pavé dans la mare politique comorienne en écartant sept des vingt candidats enregistrés à l'élection présidentielle anticipée du 24 mars.

En tête de la charrette des débarqués, l'ancien vice-président Mohamed Ali Soilihi, dit Mamadou, chef de l'Union de l'opposition, et Ibrahim Mohamed Soulé, du parti Juwa.

Les juges reprochent au premier d'avoir menti dans sa déclaration de patrimoine, au second une erreur de forme dans son dossier de candidature.

Le parti Juwa a aussitôt dégainé un candidat de substitution, l'avocat Mahamoudou Ahamada, qui défend son président et ex-chef de l'Etat Ahmed Abdallah Sambi emprisonné depuis six mois. Mais il est moins réputé. Voilà donc le sortant débarrassé de ses deux plus dangereux rivaux...

Toutes les franges de l'opposition sont montées au créneau pour faire part de leur indignation et appeler à la mobilisation générale contre le président Azali.

"C'est le signe d'un hold-up électoral en gestation (...) si on laisse passer il risque d'y avoir des troubles", estime le candidat (validé) Said Larifou. "Les conditions pour des élections libres et transparentes (...) ne sont pas réunies", ajoute-t-il en pronant leur report à une date ultérieure.

La décision de la Cour "ne fait qu'accroître la méfiance de la population envers la sincérité des juges (...) et leur impartialité", déplore le Collectif de la troisième voie, qui fédère de nombreuses ONG de la société civile.

"Cette mainmise de l'exécutif sur la Cour suprême est inquiétante", souligne Chabane Mohamed, de la Confédération des travailleurs comoriens (CTC).

- 'Guerre de salive' -

"Azali applique les grands moyens, peu importe la manière et les conséquences", poursuit le syndicaliste, "maintenant on peut imaginer la suite, un boulevard ouvert vers la réélection d'Azali, le processus ne sera pas transparent".

Depuis des mois maintenant, tous dénoncent en choeur la dérive autoritaire du chef de l'Etat.

Ex-putschiste élu en 2016, Azali Assoumani a imposé l'an dernier une réforme qui a étendu de cinq à dix ans la durée de la présidence attribuée successivement à chacune des trois îles de l'archipel (Grande-Comore, Mohéli, Anjouan).

Il a aussitôt remis les compteurs électoraux à zéro et convoqué une élection anticipée. La Grande-Comore gardera les rênes du pays jusqu'en 2029. Lui aussi s'il est réélu.

Tous ceux qui ont critiqué sa réforme ont essuyé les foudres du régime. En quelques mois, des dizaines d'opposants ont été mis sous les verrous.

La communauté internationale s'est inquiétée du retour des tensions dans le petit archipel de l'océan Indien, à l'histoire politique mouvementée. Sans plus. A l'issue de son sommet lundi, l'Union africaine (UA) s'est contentée de "réaffirmer son soutien à la paix et à la stabilité aux Comores".

"On a l'habitude de toujours contester les décisions des juridictions, surtout en période électorale", minimise Ali Msaidé Houmed, l'ancien colistier du candidat éliminé Mohamed Ali Soilihi aujourd'hui rallié au pouvoir.

"Heureusement nous sommes des non-violents, ça se limite à une guerre de salive", ajoute-t-il.

Face à une opposition divisée, pressée par le calendrier et décapitée par les arrestations, la victoire du président-candidat Azali Assoumani semble plus que jamais probable.

"Son équipe mène un travail scientifique, circonscription par circonscription, pour lui assurer une victoire dès le premier tour", confie un de ses proches sous couvert de l'anonymat, "Azali n'a pas pris ce risque pour se faire battre".

Lors d'une visite à Paris le mois dernier, le chef de l'Etat n'avait d'ailleurs pas caché ses certitudes électorales. "Je ne serais pas battu", avait-il lâché à l'AFP en éclatant de rire.

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