La France et la Belgique ont demandé jeudi aux dirigeants de la République Démocratique du Congo (RDC) de respecter la liberté d'expression et de garantir un débat démocratique serein, après la condamnation à la prison de six militants pro-démocratie.
"Nous appelons les autorités congolaises à respecter les libertés fondamentales, conformément aux engagements internationaux que la République démocratique du Congo a souscrits", a déclaré le ministère français des Affaires étrangères dans un communiqué.
"A l'approche d'échéances électorales majeures, conformément à la Constitution, il est essentiel que la société civile puisse prendre part à un débat démocratique serein et que les responsables politiques ne subissent pas d'entraves dans leurs activités", a ajouté le ministère.
Le ministre belge des Affaires étrangères, Didier Reynders, s'est dit lui aussi, dans un communiqué, "préoccupé par les condamnations à des peines de prison fermes de six étudiants qui militaient pacifiquement au sein d'un mouvement citoyen".
"Pour la Belgique, l'expression libre d'opinions divergentes est une condition nécessaire à l'avènement d'un dialogue permettant d'avancer sur la voie d'élections apaisées", a ajouté M. Reynders, en s'inquiétant des "restrictions aux droits et libertés en RDC à l'approche d'échéances électorales majeures".
Six militants pro-démocratie ont été condamnés mercredi à Goma (est de la RDC), à deux ans de prison ferme pour "incitation à la révolte", en marge d'une grève générale décrétée par l'opposition le 16 février, a annoncé à l'AFP leur avocat.
Les six membres de "Lutte pour le changement" (Lucha), mouvement qui regroupe des jeunes indignés, avaient été arrêtés le 16 février. Deux autres membres de Lucha ont été arrêtés à Kinshasa, selon leur avocat.
Mardi, l'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch (HRW) a demandé la libération de "toutes les personnes injustement arrêtées ou détenues sous des accusations fallacieuses".
Le 16 février en RDC marque l'anniversaire de la répression meurtrière de la "marche des chrétiens" de 1992 partie des églises catholiques de Kinshasa pour tenter d'arracher la démocratie au dictateur Mobutu Sese Seko. Une coalition d'opposants, ainsi que Lucha, avaient appelé à commémorer cet événement par une grève générale nationale.
La perspective de la tenue d'une présidentielle s'éloigne chaque jour davantage et l'opposition accuse le président Joseph Kabila, au pouvoir depuis 2001 et dont le mandat s'achève en décembre, de manoeuvrer pour contourner l'interdiction constitutionnelle qui lui est faite de se représenter.
Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon, en visite mercredi à Kinshasa, s'est dit "préoccupé par la restriction de l'espace politique" et de "la liberté de manifester" en RDC. Il a déploré le "retard pris par le processus électoral", et a invité les dirigeants africains à ne pas s'accrocher au pouvoir.
Avec AFP