Diffa, la grande ville du sud-est du Niger, à la frontière avec le Nigeria, déjà attaquée à deux reprises ces dernières semaines par des jihadistes, a été visée samedi par des tirs de roquette, ont affirmé des témoins à l'AFP.
Les autorités n'ont pas encore réagi à ces attaques.
"Les BH (le groupe jihadiste Boko Haram, ndlr) ont visé la compagnie militaires située à l'entrée de la ville et le pont de Doutchi, mais sans faire de victime", a affirmé à l'AFP Ari Mamane, un habitant de Diffa (200.000 habitants).
"C'était vers 05h00 locales (04h00 GMT), deux roquettes ont été tirées par Boko Haram depuis le Nigeria. La première a atterri près de la compagnie sans faire de victime. Les militaires guidés par un avion de reconnaissances ont à leur tour riposté en effectuant au moins quatre tirs d'artillerie", a raconté à l'AFP Boukar Lawan, un autre habitant.
"Une roquette est tombée vers le pont de Doutchi", non loin du poste frontalière militaire nigérien, a-t-il ajouté.
"Tôt ce matin la ville de Diffa a été réveillée par des bruits assourdissants de détonations", a écrit Marah Mamadou Abdou, une figure de la société civile de Diffa, sur Facebook.
"Un avion de reconnaissance a survolé la ville et les FDS (Forces de défense et sécurité) ont pris position en quadrillant la ville avec des dispositifs impressionnant", a-t-il poursuivi.
Le pont de Doutchi, qui relie le Niger au Nigeria, est située à une dizaine de km au sud de la ville de Diffa.
Le 3 mai, d'importants combats ont opposé l'armée nigérienne et des jihadistes du groupe Etat islamique en Afrique de l'Ouest (Iswap), issu d'une scission de Boko Haram, près de ce pont.
Le 9 mai, des échanges de tirs ont opposé les deux camps dans le même secteur, selon les autorités nigériennes.
Deux soldats nigériens ont été tués et trois blessés dans l'attaque du 3 mai, selon un bilan du ministère de la Défense.
Dans une vidéo de propagande diffusée par l'Iswap, on voit de nombreux insurgés s'emparer au milieu de tirs nourris d'armes automatiques d'un camp de l'armée nigérienne, mettant la main sur des véhicules et des stocks d'armements.
Mercredi, le Niger a affirmé qu'au moins 75 "terroristes de Boko Haram" ont été tués lundi dans deux opérations militaires dans le sud-est du pays et en territoire nigérian.
La région de Diffa abrite selon l'ONU 300.000 réfugiés nigérians et déplacés, fuyant depuis 2015 les exactions commises par Boko Haram et l'Iswap.
L'insurrection de Boko Haram a fait plus de 36.000 morts depuis 2009 dans le nord-est du Nigeria et près de 2 millions de personnes ont dû fuir leurs foyers.
Le Niger doit aussi faire face dans l'Ouest, à ses frontières avec le Mali et le Burkina, aux attaques récurrentes des groupes jihadistes sahéliens dont l'Etat islamique au Grand Sahara (EIGS).