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"Contre les traitres" ou "pour la liberté", le procès de Gdeim Izik reprend au Maroc


Un policier marocain garde l'entrée du bureau judiciaire d'investigation à Sale, près de Rabat, Maroc, le 29 janvier 2017.
Un policier marocain garde l'entrée du bureau judiciaire d'investigation à Sale, près de Rabat, Maroc, le 29 janvier 2017.

Devant le tribunal, séparés par des barrières et un simple cordon de policiers, ils se font face, se toisent, à coups de slogans et invectives. "Non à l'impunité des assassins", lancent les uns, "Liberté pour les prisonniers sahraouis", rétorquent les autres.

Le très observé procès de 25 militants sahraouis accusés d'avoir assassiné onze membres des forces de l'ordre marocaines en 2010 au Sahara occidental a repris lundi à la Cour d'appel de Salé, près de Rabat.

Après un premier jugement par la justice militaire, contesté par des ONGs internationales, l'affaire avait été renvoyée mi-2016 devant une juridiction civile.

En ce nouveau jour de procès, et comme lors de la précédente audience fin janvier, les deux camps ont mobilisé leurs partisans, pour accueillir juges, avocats, journalistes, observateurs nationaux et étrangers, le tout sous un dispositif policier très serré.

"Le peuple demande l'exécution des traîtres!", lancent des familles des victimes, brandissant portraits du roi Mohammed VI et photos de leurs proches tués.

Le rouge national marocain saute aux yeux parmi la centaine de personnes massées de ce côté des barrières, des drapeaux brandis au-dessus de la foule jusqu'aux casquettes vissées sur la tête.

"Non à la politisation des crimes", "Non à l'influence au procès équitable", proclament quelques banderoles. "L'Association de coordination des familles et amis des victimes de Gdeim Izik demande à rendre justice aux martyrs du devoir national", dit un autre calicot, à côté du cliché des onze militaires lynchés et gisant à terre.

"Où sont les traîtres? Où sont les séparatistes? Où sont les tueurs?", lance à l'unisson ce côté de la foule, montrant du doigt, par dessus les casquettes des policiers, les indépendantistes sahraouis.

"Sahara libre!", s'époumonent en réponse les quelques dizaines de militants Sahraouis, pour beaucoup vêtus de saharienne bleue et turbans enroulés sur la tête. Quelques femmes, drapées dans de larges tissus multicolores, les yeux dissimulés sous d'épaisses lunettes de soleil, paradent au milieu du groupe.

Au concours des décibels, c'est la partie marocaine qui l'emporte largement, grâce à une ligne d'imposantes enceintes qui couvrent l'unique mégaphone des pro-indépendantistes.

- Traduction et écran géant -

Ces scènes sont devenus habituelles depuis la reprise du "procès de Gdeim Izik", du nom du camp de déplacés où ont été tués les militaires en novembre 2010. Des émeutes avaient éclaté alors que les autorités tentaient de démanteler ce camp de tentes près de la ville de Laâyoune.

L'affaire est toujours sensible et très médiatisée, avec en toile de fond la question controversée du Sahara occidental, ancienne colonie espagnole sous contrôle du Maroc, et dont le Front Polisario réclame l'indépendance.

Un bataillon de policiers et gendarmes vérifient les identités des spectateurs qui font la queue pour assister au procès. Des policiers en civil scrutent les visages, filment et photographient à l'aide de mini-caméras ou de leur téléphone portable.

Fouilles, badges, détecteurs de métaux... les mesures de sécurité sont strictes -mais courtoises- pour accéder à la salle d'audience, archi-comble et dominée par un immense écran géant sur lequel sont diffusés les débats.

Pour accueillir le reste des spectateurs, les autorités ont aménagé une salle voisine avec un autre écran géant et une batterie de téléviseurs, sous l'oeil toujours attentif des services de sécurité. Une traduction en français, espagnole ou arabe est mise à disposition.

Les accusés font leur entrée dans l'imposant box vitré, poing vers le ciel et scandant quelques brefs slogans. Des proches les saluent dans la salle, font de la main un rapide "v" de la victoire. Le calme revient rapidement.

Une armée d'avocats en robe noire s'alignent devant les juges: à gauche les parties civiles, à droite la défense, parmi lesquels on devine, par leur faciès ou leur tenue bien mise, quelques avocats étrangers. Les débats peuvent commencer.

Avec AFP

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