Liens d'accessibilité

Dernières nouvelles

Controverse au Sénégal après la publication de la liste des médias conformes au Code de la presse


Journalistes sénégalais lors d'une conférence de presse, Dakar, le 10 février 2025.
Journalistes sénégalais lors d'une conférence de presse, Dakar, le 10 février 2025.

Au Sénégal, le ministère de la Communication suscite la colère et la stupéfaction de la presse nationale, après la publication de la liste des médias conformes au Code de la presse. Une procédure considérée comme une violation de la loi par les organisations syndicales de la presse.

Les protestations des professionnels des médias et des organisations syndicales de la presse du Sénégal n’y auront rien changé. Le ministère de la Communication est passé à l’acte en rendant publique, la semaine dernière, la liste des médias qui remplissent les conditions exigées par le Code de la presse et ceux qui n’en remplissent pas les critères.

Période d'incertitude pour les médias sénégalais
Attendez s'il vous plaît

No media source currently available

0:00 0:02:17 0:00

"L'État ne cherche pas, c'est de permettre une régulation afin que l'information soit vraie, soit vérifiée. Alors, si déjà, vous avez un écosystème des médias où vous avez plus de non-journalistes qui diffusent l'information que de journalistes, il y a un problème", constate Habibou Dia, directeur de la Communication.

Colère et incompréhension

Après des mois de travaux, il ressort des conclusions que, sur les 638 médias déclarés, seuls 258 répondent aux exigences du Code de la presse et peuvent donc poursuivre leurs activités. En revanche, 380 sont jugés non conformes par le ministère de la Communication et devront stopper leurs activités, le temps de se mettre en règle, au risque d’être sanctionnés. Parmi ces médias exclus figure Dakar Actu, un des plus suivis du pays, dont les employés restent partagés entre surprise et incompréhension.

"C'est une situation qui préoccupe tous les travailleurs, une décision qui nous prend tous au dépourvu parce qu'aujourd'hui, toutes les modalités ont été respectées. À signaler également que cette situation met pratiquement tous les employés mal à l'aise. Actuellement, c'est vrai que c'est très, très, très compliqué", regrette Cheikh Sadbouh Fall, rédacteur en chef du groupe qui ne perd pas pour autant espoir de voir les autorités revenir sur leur décision.

Cette situation compliquée est, depuis plusieurs mois, à l’origine de tension entre les professionnels de la presse et leur tutelle. Les organisations syndicales fustigent, non seulement l’attitude des patrons de la presse pour avoir participé à l’élaboration de la liste, elles également la démarche et conteste ma légalité même de la procédure.

"Les textes sont clairs, nous avons une Constitution qui consacre la liberté de création et qui organise l’existence de ces médias-là et les contraint au respect de la loi. Quelles que soient les intentions des autorités publiques et ou politiques, il faut qu'on respecte la loi. Ce n'est pas une prérogative de l'État du Sénégal à travers son ministère de reconnaître ou de ne pas reconnaître un média", assène Ahmadou Bamba Kassé, secrétaire général du Synpics, le Syndicat national des professionnels de l’information et de la communication.

Le ministère persiste et signe

Mais, le ministère de la Communication réfute les accusations de violation de la loi. Le directeur de la Communication déclare avoir respecté les textes, soulignant même le rôle des acteurs de la presse dans l’élaboration de la liste. Habibou Dia. Pour lui, ce coup de balai, "souhaité par les acteurs des médias", est plus que nécessaire pour plusieurs raisons.

"Il était essentiel pour avoir une démarche claire. D'abord, identifier les entreprises de presse conformes aux dispositions du Code sur la base des trois régimes : autorisation pour les médias audiovisuels, enregistrement pour la presse écrite et déclaration pour la presse en ligne. On n'a pas sorti cette liste de notre chapeau magique. Ce sont les applications de la loi sur la base de ceux qui sont venus se déclarer et s'inscrire", poursuit M. Dia.

Des explications loin de convaincre les acteurs des médias. Le Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse du Sénégal attend toujours la décision de la Cour suprême sur son recours pour demander l’annulation de la procédure. Mais le ministère de la Communication se montre, pour l'instant, imperturbable et se dit déterminé à imposer sa vision des choses.

Forum

XS
SM
MD
LG