"La crise climatique concerne la sécurité des êtres humains, la sécurité économique, la sécurité nationale et la vie même de la planète", a lancé le président américain devant la conférence annuelle de l'ONU sur le climat, qui se tient à Charm el-Cheikh, en Egypte.
Et la guerre en Ukraine "ne fait que renforcer l'urgence pour le monde de sortir de sa dépendance envers les énergies fossiles", dont les Etats-Unis sont le premier producteur et consommateur mondial, a-t-il insisté.
Il a brandi en exemple son plan colossal de près de 370 milliards de dollars d'investissements pour le climat, notamment la transition énergétique, et assuré que les Etats-Unis tiendraient leur objectif de réduction des émissions de 50% à 52% en 2030 par rapport aux niveaux de 2005.
"Relever nos ambitions"
"Tous les pays doivent faire plus. A cette réunion, nous devons renouveler et relever nos ambitions climatiques", a-t-il insisté, alors que les engagements actuels des différents pays laissent la planète sur la trajectoire d'un réchauffement catastrophique de 2,8°C, selon l'ONU.
Soit bien au delà des objectifs de l'accord de Paris, pierre angulaire de la lutte contre le changement climatique, à savoir contenir l'élévation des températures nettement sous 2°C, si possible à 1,5°C par rapport à l'ère pré-industrielle.
Un rapport de référence publié vendredi a renforcé le sentiment d'urgence, calculant que les émissions de gaz à effet de serre issus de la combustion d'énergies fossiles vont à nouveau atteindre des records en 2022.
L'exhortation de M. Biden à faire plus vise sans le dire les grands pays émergents, comme l'Inde mais aussi la Chine, dont les relations avec Washington se sont fortement tendues.
Or la coopération entre Pékin et Washington, respectivement premier et deuxième émetteur mondial, sur le dossier climatique est considérée comme cruciale. Le président chinois Xi Jinping n'a pas fait le voyage à Charm el-Cheikh, mais les deux hommes se rencontreront lundi à Bali, en Indonésie, en marge du sommet du G20.
Sur un autre dossier, l'aide insuffisante aux pays pauvres, en première ligne du dérèglement climatique, le président américain s'est en revanche montré très prudent, suscitant les critiques.
Quatre militants ont d'ailleurs cherché à interrompre le président américain, poussant des hurlements évoquant des cris de coyote et tentant de déployer une banderole avant d'être expulsés de la salle.
"Pomme dans ma main"
Washington n'a en effet toujours pas tenu ses engagements dans le cadre de la promesse des pays riches de fournir 100 milliards de dollars de financements par an aux plus pauvres, pour lutter contre les émissions et s'adapter au changement climatique.
M. Biden a réitéré son engagement sur une contribution de 11,4 milliards de dollars, mais une future majorité républicaine au Congrès pourrait la bloquer, même si le camp présidentiel a évité la débâcle annoncée aux élections de mi-mandat cette semaine.
"Comme acompte", il a promis 150 millions pour des projets d'adaptation en Afrique, mais s'est bien gardé de mentionner les "pertes et dommages" déjà subis par les pays en première ligne, souvent parmi les plus pauvres, sujet au cœur de cette COP.
Il a au contraire réitéré la position américaine de chercher à mobiliser le secteur privé face à un défi présenté comme global et qui nécessitera des "milliers de milliards" d'investissements.
"Joe Biden vient à la COP27 et fait de nouvelles promesses mais ses anciennes promesses n'ont même pas été tenues. Je préfère une pomme dans ma main que la promesse de cinq qui n'arrivent jamais", a fustigé Mohamed Adow, directeur de l'ONG Power Shift Africa.
"Les actions ambitieuses du président Biden à domicile doivent maintenant s'accompagner d'investissements tout aussi robustes pour faire progresser l'action climatique à l'étranger", a estimé de son côté Ani Dasgupta, directeur du centre d'études World Resources Institute.
Avant de s'adresser à la COP, M. Biden avait eu un entretien avec son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi. Selon la Maison Blanche, les deux hommes ont évoqué la "sécurité régionale" et le partenariat de défense entre les deux pays.
Et le président Biden "a souligné l'importance des droits de l'Homme et du respect des libertés fondamentales", au moment où le sort d'Alaa Abdel Fattah, blogueur prodémocratie emprisonné et en danger de mort après sept mois de grève de la faim, inquiète.