Alors que les tractations entre les diplomates des deux pays ennemis se sont enlisées près de trois mois après le sommet historique du 12 juin à Singapour, le président des Etats-Unis et le dirigeant nord-coréen ont affiché leur entente personnelle.
A l'initiative, une fois de plus, la Corée du Sud, soucieuse de donner un nouveau souffle à l'élan diplomatique sans précédent en cours depuis le début de l'année.
De retour de Pyongyang, le conseiller à la sécurité nationale du président sud-coréen Moon Jae-in a annoncé que ce dernier rencontrerait Kim Jong Un du 18 au 20 septembre dans la capitale nord-coréenne pour leur troisième sommet en moins de cinq mois.
Comme à Singapour, le dirigeant nord-coréen, qui a reçu mercredi ce conseiller, Chung Eui-yong, a réaffirmé son engagement en faveur d'une forme de désarmement atomique.
Kim Jong Un "a exprimé sa ferme détermination en faveur de la dénucléarisation de la péninsule coréenne, de même que l'intention de travailler étroitement avec les Etats-Unis" pour "réaliser cet objectif", et ce "durant le premier mandat du président Trump", qui s'achève en janvier 2021, a rapporté l'émissaire sud-coréen.
L'agence officielle nord-coréenne a aussi confirmé que le leader entendait "transformer" la péninsule "en berceau de paix sans armes nucléaires, libre de toute menace nucléaire".
Surtout, s'il a reconnu "des difficultés dans les négociations entre la Corée du Nord et les Etats-Unis", le numéro un de Pyongyang a assuré, selon le compte-rendu du conseiller sud-coréen, que "sa confiance envers M. Trump" restait "inchangée".
De quoi plaire au président américain, qui assure depuis le 12 juin avoir établi une excellente relation personnelle avec celui qu'il traitait, quelques mois auparavant, de "petit homme-fusée".
"Kim Jong Un de Corée du Nord proclame sa +confiance indéfectible dans le président Trump+. Merci au président Kim. Nous y arriverons ensemble!", a tweeté jeudi le locataire de la Maison Blanche.
A Singapour, les deux dirigeants étaient parvenus à un compromis très vague en faveur d'une "dénucléarisation complète de la péninsule coréenne", dont les modalités et le calendrier avaient été repoussés à des négociations de suivi. Mais celles-ci patinent, comme en a encore témoigné l'annulation, fin août, d'un voyage à Pyongyang du secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo.
Le chef de la diplomatie américaine s'est d'ailleurs montré prudent malgré ces nouveaux signes de détente.
"Il y a encore un énorme travail à accomplir", a-t-il souligné en marge d'un déplacement en Inde. "Nous n'avons pas eu d'essais nucléaires, nous n'avons pas eu d'essais de missiles, ce que nous considérons comme très positif", "mais le travail continue en vue de convaincre le président Kim de prendre le tournant stratégique dont nous avons parlé pour un avenir plus brillant pour le peuple nord-coréen".
Mike Pompeo va dépêcher la semaine prochaine son nouvel envoyé spécial pour la Corée du Nord Stephen Biegun à Séoul, Pékin et Tokyo --mais pas à Pyongyang à ce stade-- pour "poursuivre les efforts diplomatiques".
- "Frustration" -
Le président sud-coréen a dit espérer que le sommet entre le Nord et le Sud "relancera le dialogue entre les Etats-Unis et la Corée du Nord".
Jusqu'ici, les Nord-Coréens ont attribué l'impasse aux méthodes de "gangsters" des Américains, accusés de vouloir obtenir leur désarmement unilatéral sans faire de concession à chaque étape et sans alléger la pression ni les sanctions.
Cette dénucléarisation doit intervenir avant toute déclaration mettant fin à la guerre de Corée, qui ne s'est conclue en 1953 que par un simple armistice, estime de fait l'administration Trump, là où le pays reclus voudrait d'abord engranger une telle déclaration, voire un traité de paix en bonne et due forme.
Kim Jong Un a d'ailleurs fait part d'une "certaine frustration" envers la communauté internationale, accusée de ne pas prendre à leur juste valeur les mesures "très significatives" engagées par Pyongyang, comme le démantèlement de son site d'essais nucléaires, a expliqué l'émissaire sud-coréen après l'avoir rencontré.
L'administration américaine a maintenu la pression en annonçant jeudi l'inculpation d'un Nord-Coréen accusé d'avoir mené pour le compte du régime de Pyongyang certaines des plus importantes cyberattaques des dernières années, dont le piratage du studio de cinéma Sony en 2014 ou l'attaque au "rançongiciel" Wannacry en 2017.
Avec AFP