La rhétorique belliqueuse habituelle du leader nord-coréen n'était pas complètement absente de son intervention télévisée de 30 minutes. Mais son message principal était clairement celui du nécessaire développement économique d'un pays en faillite, tenu par le régime le plus isolé au monde.
"Parmi ses millions de tâches pour la Nation, le Parti des travailleurs de Corée a pour priorité absolue l'amélioration du niveau de vie" de la population, a claironné Kim. "Nous devons provoquer la reprise du développement économique."
Les trois précédentes allocutions du Nouvel An du dirigeant nord-coréen contenaient toutes des appels similaires. Comme à son habitude, Kim n'a donné que peu de détails quant aux moyens d'atteindre ses objectifs.
Pour ce qui est des relations avec le Sud, il s'est dit ouvert à des discussions tout en mettant Séoul en garde contre toute initiative susceptible de remettre en cause l'accord intercoréen qui avait permis en août d'éviter un affrontement armé.
Il a de nouveau insisté sur la menace que constitue selon lui les manoeuvres militaires annuelles de la Corée du Sud avec les Etats-Unis.
"Si les agresseurs et les provocateurs nous touchent, ne serait-ce que légèrement, nous n'hésiterons pas à répondre par une guerre sacrée impitoyable pour la justice et la réunification nationale", a-t-il dit.
Ne pas irriter la Chine
Son allocution est intervenue au lendemain des funérailles d'Etat d'un des principaux diplomates nord-coréens, Kim Yang-Gon, décédé mardi à 73 ans dans un accident de la circulation, selon les médias officiels.
Très proche conseiller du numéro un, Kim Yang-Gon était de longue date l'acteur principal de la diplomatie nord-coréenne vis-à-vis de Séoul. Et son décès constitue un revers pour les efforts de paix dans la péninsule.
Vêtu de son traditionnel costume Mao sombre, Kim Jong-Un, lunettes cerclées de noir sur le nez, a prononcé son discours derrière un pupitre de bois dans le bâtiment du comité central du parti unique à Pyongyang.
Aucun public n'est apparu dans la retransmission de ce discours pourtant interrompu périodiquement par des applaudissements nourris, vraisemblablement enregistrés.
Le leader nord-coréen n'a fait aucune référence explicite au programme nucléaire de son pays, mais souligné l'importance de "développer des moyens d'attaque militaire plus variés".
"Globalement, le ton était relativement modéré, et l'accent était clairement sur l'économie, danvantage que sur les questions politiques et militaires", a observé Yang Moo-Jin, professeur à l'Université des études nord-coréennes de Séoul.
"Il est possible qu'il ait cherché à ne pas irriter la Chine à l'approche du crucial congrès du parti en mai."
Ce symposium, qui sera le premier du genre en 35 ans, pourrait donner des clés sur les orientations politiques du régime.
- 'Plus jamais se serrer la ceinture' -
Depuis son arrivée au pouvoir fin 2011, Kim Jong-Un a fait du développement économique une priorité, là où le coeur de la politique de son père, le défunt Kim Jong-Il, était le développement militaire.
Lors de son premier discours public, en avril 2012, il avait promis que les Nord-Coréens n'auraient "plus jamais à se serrer la ceinture".
Son action a notamment été marquée par un relâchement du contrôle sur les paysans et les entreprises publiques et par la création d'une dizaine de zones économiques spéciales.
Une nouvelle classe d'entrepreneurs a même émergé à la faveur d'une plus grande tolérance pour certaines initiatives privées.
Pyongyang ne publie aucune donnée économique, mais le Sud estime que la croissance du Nord a été de 1% en 2014.
Pour autant, la Corée du Nord demeure un pays extrêmement pauvre dont le revenu national brut estimé équivaut à 2,3% de celui de la Corée du Sud.
Le Nord est en outre un territoire pétri d'inégalités, notamment entre villes et campagnes, qui souffrent de graves problèmes de malnutrition.
Avec AFP