Le secrétaire d'Etat Rex Tillerson et le chef du Pentagone Jim Mattis ont reçu le chef de la diplomatie chinoise Yang Jiechi et le chef d'état-major de l'Armée populaire de libération (APL) Fang Fenghui. Cette réunion au département d'Etat s'inscrivait dans le droit fil du sommet de Mar-a-Lago en Floride (sud-est) en avril entre le président américain Donald Trump et son homologue chinois Xi Jinping.
"Nous avons réitéré à la Chine qu'elle a une responsabilité diplomatique d'exercer une pression économique et diplomatique beaucoup plus importante sur le régime (nord-coréen), si elle veut éviter une nouvelle escalade dans la région", a déclaré Rex Tillerson dans une brève conférence de presse avec Jim Mattis, à l'issue de la réunion.
Le secrétaire d'Etat a également espéré que la Chine "ferait sa part" pour contrer les "activités criminelles" auxquelles Pyongyang a recours pour financer ses activités nucléaires et balistiques, comme "le blanchiment d'argent", la "cybercriminalité" ou "l'extorsion de fonds".
Malgré les sanctions internationales, la Corée du Nord a constitué un petit arsenal d'armes nucléaires et développe des missiles balistiques qui pourraient menacer le Japon, la Corée du Sud et peut-être un jour des villes américaines.
Colère américaine
Washington semble désormais montrer une certaine frustration sur les efforts chinois pour faire pression sur la Corée du Nord, alors que Pékin affiche de son côté sa bonne foi.
Dans un tweet sibyllin, le président américain Donald Trump avait semblé mardi à la fois saluer l'action de la Chine tout en pointant son échec. Un message qu'il a répété mercredi durant un meeting de ses partisans en Iowa (centre): "J'apprécie le président Xi", mais "j'aimerais que nous ayons un peu plus d'aide de la Chine concernant la Corée du Nord. Cela ne semble pas fonctionner".
"La Chine accomplit des efforts sans relâche afin de résoudre la question nucléaire dans la péninsule coréenne et nous jouons un rôle important et constructif", a déclaré mercredi le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Geng Shuang, lors d'un point de presse à Pékin.
Le président américain a symboliquement prorogé mercredi l'état d'urgence nationale vis-à-vis de la Corée du Nord pour une année supplémentaire, une mesure prise pour la première fois en 2008 par le président George W. Bush (2001-2008).
Dans une lettre au Congrès, il a justifié sa décision par la "menace inhabituelle et extraordinaire à la sécurité nationale, la politique étrangère et l'économie des Etats-Unis" que présente Pyongyang.
Les Américains sont particulièrement en colère après la mort lundi d'un concitoyen de 22 ans, Otto Warmbier, libéré la semaine dernière après 18 mois de détention dans les prisons nord-coréennes, a souligné Jim Mattis dans sa conférence de presse avec Rex Tillerson.
"Voir un jeune homme partir là-bas en bonne santé, et après une faute mineure revenir quasiment mort chez lui... ça dépasse l'entendement", a-t-il dit.
Il y a une "frustration du peuple américain par rapport à un régime qui provoque et provoque et provoque et qui fondamentalement joue en dehors des règles et triche avec la vérité", a-t-il dit.
Liberté de navigation
Donald Trump, qui avait entretenu une rhétorique hostile à la Chine pendant sa campagne présidentielle, a lancé un réchauffement spectaculaire avec Pékin, dans l'espoir de voir celle-ci exercer une réelle pression sur la Corée du Nord, la priorité de sa politique étrangère.
Il a accepté de mettre en sourdine ses critiques sur les déséquilibres commerciaux pour obtenir l'aide de Pékin sur ce dossier.
Le mois dernier, Pékin et Washington ont signé un accord, certes limité, d'ouverture réciproque de leurs marchés. Et Terry Branstad, gouverneur de l'Iowa et relation personnelle de Xi Jinping, a été confirmé par le Sénat au poste d'ambassadeur américain en Chine.
Mais si la Chine a resserré son contrôle sur le commerce de charbon nord-coréen, principale ressource du régime, de nombreux experts estiment qu'elle n'est pas encore prête à prendre des sanctions qui menaceraient la stabilité de son imprévisible voisin.
Les tensions en mer de Chine méridionale, où Pékin multiplie les démonstrations de force, restent également un sujet de préoccupation majeure pour Washington et ses alliés dans la région.
"Nous continuerons à soutenir la liberté de navigation et de vol" près des îlots revendiqués par la Chine dans cette zone, a averti Rex Tillerson.
Etats-Unis et Chine continuent cependant d'avoir un "dialogue" pour trouver "une sorte de méthode" afin de réduire leur divergences, a indiqué de son côté Jim Mattis.
Avec AFP