Confronté à une grève des professionnels de la santé impayés depuis des mois, le vice-ministre de la santé de la République démocratique du Congo a accusé mercredi d'autres membres du gouvernement de toucher des pots-de-vin dans le cadre de contrats publics liés à la lutte contre le coronavirus.
Le vice-ministre Albert M'peti Biyombo a confirmé mercredi à l’agence Reuters l’authenticité d’un mémorandum marqué "très confidentiel" qu’il avait adressé au Premier ministre sur cette affaire et dont une copie circule sur les réseaux sociaux.
"Je ne sais pas comment ce mémo a été divulgué", a déploré le ministre.
Daté au 29 juin, soit la veille de la commémoration de la fête de l’indépendance de la RDC, le mémorandum pointe du doigt des membres du gouvernement sans toutefois les nommer. Ils auraient détourné les fonds alloués par l’État congolais et ses partenaires pendant que les hôpitaux publics manquent de médicaments et d'équipements de base.
La semaine dernière, les agents de la santé de la capitale Kinshasa ont entamé une grève partielle pour protester contre le non-paiement de leurs primes pendant des mois.
Ce mercredi, le personnel médical a manifesté dans plusieurs villes, dont Bukavu, Kisangani, Bandundu, Beni et Kinshasa, selon des témoignages diffusés sur Twitter.
Dans son mémorandum, le vice-ministre de la santé dénonce l'existence de "réseaux mafieux" qui exigent des pots-de-vin "jusqu'à hauteur de 35%" pour l'attribution de contrats.
M. Biyombo demande l’ouverture d’un audit financier de la riposte au coronavirus.
Il semble indexer aussi son ministre de tutelle, le Dr Eteni Longondo.
Selon le vice-ministre, Dr Longondo avait signé le décaissement de sommes importantes pour des ambulances, des lits et d'autres équipements médicaux sans demander la contre-signature de son adjoint, ce qui est contraire aux règles de passation des marchés publics.
Le ministre Longondo n'a pas réagi immédiatement à une demande de commentaires. La veille, il s'était défendu selon nos confrères de Top Congo, affirmant que "la paie des agents de la riposte n'est pas gérée par le ministère, mais la Primature".
En mars, le prédécesseur du Dr Longondo, l’ancien ministre de la santé Oly Ilunga, a été condamné à cinq ans de travaux forcés pour avoir détourné plus de 400 000 dollars destinés à la riposte contre la maladie à virus Ebola. Ce dernier dénonce un vice de procédure.