Ce déconfinement se reposera non seulement sur des tests massifs mais aussi sur l'isolement des malades, d'après M. Philippe.
Alors que l'épidémie poursuit son ralentissement en France, avec 395 décès supplémentaires en 24 heures - dont 227 à l'hôpital soit le chiffre le plus bas depuis quatre semaine - et 19.718 au total mais un nombre de patients hospitalisés et en réanimation en reflux, "nous marquons des points" mais "nous ne sommes pas sortis de la crise sanitaire", a prévenu le Premier ministre.
"Nous allons devoir apprendre à vivre avec le virus", a aussi répété M. Philippe, en soulignant que pour l'heure la population française était loin d'être immunisée, qu'aucun traitement n'était reconnu et qu'aucun vaccin n'était a priori attendu avant "mi-2021" au plus tôt.
Le quotidien des 67 millions de Français continuera d'être bouleversé: "il n'est pas raisonnable d'imaginer voyager loin à l'étranger très vite", a indiqué M. Philippe, alors que le président du Conseil scientifique Jean-François Delfraissy avait averti que "les mariages, les anniversaires, le grandes réunions familiales devront être évités dans les mois qui viennent".
Sommé par le président Emmanuel Macron de présenter un plan de déconfinement avant la fin avril, M. Philippe en a dessiné les grands principes aux côtés de son ministre de la Santé Olivier Véran. Mais il n'a pu entrer dans les détails, alors que la défiance des Français et les critiques de l'opposition se font fortes.
Le patron des députés Les Républicains (droite) Damien Abad a ainsi fustigé sur Twitter "une conférence de presse "avec zéro annonce, zéro réponse et zéro stratégie de déconfinement".
La présidente du Rassemblent national (extrême droite) Marine Le Pen a sommé le gouvernement d'"accélérer" et de "rattraper" le temps qu'il a lui-même perdu".
"Ce que chacun comprend ce soir c’est que la décision du 11 mai a été prise par le Président de la République sans en vérifier préalablement la faisabilité", a abondé le patron du Parti socialiste Olivier Faure.
- Tests et isolement -
M. Philippe a insisté sur "trois éléments essentiels" pour initier le déconfinement.
Parmi ceux-ci, la poursuite de l'adoption "des gestes barrières", comme la distanciation sociale, qui s'accompagnera par la généralisation du port de masques "grand public". Ils seront probablement rendus "obligatoires" dans les transports publics.
Anticipant une obligation, la maire de Paris Anne Hidalgo a annoncé la distribution gratuitement dans les pharmacies de la capitale de 500.000 masques en tissu lavables dès la fin avril et de plus de 2 millions courant mai.
Il faudra également, "tester beaucoup et rapidement", a ajouté M. Philippe. L'objectif du gouvernement est de pouvoir réaliser 500.000 tests par semaine d'ici le déconfinement, "si vous êtes porteur de symptômes (...) ou si vous avez été en contact rapproché d'une personne dont on sait qu'elle est malade", a précisé de son coté le ministre de la Santé.
Et en cas de test positif, les malades devront être isolés, soit à domicile, soit dans un lieu dédié, comme les hôtels.
Pour le reste, M. Philippe est resté prudent sur les scénarios de l'après 11-mai, indiquant par exemple que plusieurs hypothèses étaient à l'étude pour la réouverture des écoles, "par territoire" ou "par moitié de classe".
Le Premier ministre a aussi appelé à la poursuite du télétravail "dans toute la mesure possible". Pour les commerces, des files d'attente devront être organisées pour respecter une distance minimale d'un mètre, avec la mise à disposition de gel hydro-alcoolique.
Par ailleurs, M. Véran a annoncé le rétablissement "à partir de" lundi d'un "droit de visite pour les familles" dans les maisons de retraite, dans des conditions "extrêmement limitées", et dans "les établissements qui accueillent des personnes en situation de handicap".