L'ancien Premier ministre ivoirien Guillaume Soro est accusé de "torture", "assassinat" et "crimes de guerre" dans une plainte déposée jeudi à Paris.
Des faits qui remontent à la période trouble allant de 2004 à 2011, selon les avocats des plaignants dont les propos ont été relayés par l'Agence France Presse (AFP).
M. Soro, 47 ans, est présenté dans cette plainte comme le commanditaire de l'enlèvement, suivi de torture et d'assassinat, d'Ibrahima Coulibaly, un ex-chef rebelle ivoirien, le 27 avril 2011. L'ancien président de l'Assemblée nationale ivoirienne conteste ces accusations.
Selon le quotidien ivoirien Fraternité Matin, la plainte a été déposée par "six personnes de nationalité ivoirienne et françaises".
Les plaignants demandent également des poursuites pour des morts causées lors de combats entre factions rivales dans la nuit du 20 au 21 juin 2004 à Bouaké et Korhogo, qu'ils attribuent à l'ex-rébellion des Forces nouvelles dont Guillaume Soro était le chef.
"Après de longues années d'impunité, cette plainte avec constitution de partie civile tend à ce que les responsabilités des auteurs, complices et autres donneurs d'ordres soient enfin exposées", relèvent les avocats Noémie Saidi-Cottier, Laurence Greig et Joseph Breham dans un communiqué.
Ils la justifient notamment par le fait que M. Soro réside depuis fin 2019 en France, un des éléments qui permet la saisine de la justice française.
"Les faits dénoncés dans cette plainte sont faux et j'ai donné instruction à mes avocats de déposer une plainte en dénonciation calomnieuse", a réagi auprès de l'AFP M. Soro par l'intermédiaire d'un de ses conseils, Me Jean-Marc Fédida.
Guillaume Soro, candidat déclaré à la prochaine élection présidentielle ivoirienne prévue en octobre, a par ailleurs été condamné fin avril par la justice de son pays à 20 ans de prison pour "recel de détournement de deniers publics" et "blanchiment de capitaux" lors de l'achat de sa résidence d'Abidjan en 2007. "Un procès à sens unique, sans contradiction", selon le quotidien ivoirien Notre Voie.
Longtemps allié du président Alassane Ouattara, qu'il a aidé, en tant que chef de la rébellion, à accéder au pouvoir pendant la crise post-électorale de 2010-2011, il était devenu Premier ministre, puis président de l'Assemblée nationale, avant de rompre avec le chef de l'Etat début 2019.
Les poursuites engagées contre M. Soro pourraient aussi emporter plusieurs ex-rebelles aujourd'hui reconvertis en "piliers de l’armée ivoirienne sous le pouvoir Ouattara", souligne un analyste du site d'informations Abidjan.net. "Le retour en surface des dossiers sur ces crimes n’épargnera indéniablement pas le pouvoir ivoirien", conclut-il.