Toutefois, les consommateurs grognent face à la hausse de près de 40% du prix du kilowatt-heure.
Le secteur de l'énergie est une des priorités du président Alassane Ouattara, qui a promis d'électrifier l'ensemble du pays. Ses conseillers soulignent qu'il n'y pas de développement économique possible si les entreprises n'ont pas l'énergie dont ils ont besoin.
Le pays doit donc composer entre répondre à cette forte demande intérieure et ne pas mettre en péril les finances publiques, sans faire exploser des prix encore dans la moyenne basse africaine.
Première puissance économique d'Afrique de l'Ouest francophone, le pays s'est récemment doté d'une nouvelle centrale thermique, portant sa capacité totale à près de 2.000 mégawatts (MW), suffisante pour faire face à ses besoins en 2016. En Côte d'Ivoire, 70% de l'électricité est issue du gaz, dont le pays est producteur.
Résultat d'un partenariat public-privé, la centrale de 234 MW, a couté 225 milliards de FCFA (environ 343 millions d'euros) grâce notamment à de nombreux bailleurs de fonds étrangers. La Compagnie ivoirienne de production d'électricité (Ciprel), filiale du groupe franco-africain Eranove et propriétaire de cette nouvelle unité, est devenue le premier producteur indépendant d'électricité dans la région, doté d'une capacité totale de 556 MW.
Par ailleurs, Eranove est le principal actionnaire de la Compagnie ivoirienne d'électricité (CIE), qui fournit le courant à 1,3 million d'abonnés ivoiriens, et exporte vers le Ghana, le Mali et le Burkina Faso. La CIE dispose de la concession de distribution d'électricité jusqu'en 2020 (contrat de 15 ans) mais c'est l'Etat qui fixe le prix du courant en fonction de ses priorités. La CIE gère certaines unités de production publiques et achète du courant à d'autres centrales privées dont Ciprel.
Le PDG du géant américain General Electric, Jeff Immelt, en visite à Abidjan où il a ouvert début mars une représentation, a promis d'ajouter "1.000 MW de puissance additionnelle" au réseau et de soutenir l'ambition de faire du pays un "modèle, un hub énergétique". GE a déjà pris position avec des petites centrales qui fournissent la CIE.
"Le secteur électrique est un succès" en Côte d'Ivoire, estime Bertrand de la Borde, d'International Finance Corporation (IFC), filiale de la Banque mondiale. Selon lui, la Côte d'Ivoire, électrifiée à 60%, se trouve dans une meilleure situation que ses voisins régionaux: le Sénégal, le Mali ou le Togo, mais aussi que le Kenya, souvent cité en exemple.
"Notre ambition est d'investir 22 milliards de dollars dans le secteur d'ici 2030, financés en grande partie par le secteur privé" pour faire face à la forte croissance de la demande, estimée à 10% par an, affirme le ministre du Pétrole et de l'énergie Adama Toungara.
- Grogne des consommateurs -
Si le pays s'est hissé au rang de plateforme sous-régionale, l'Etat doit encore couvrir la différence existante entre les prix de revient et de vente.
En 2011, le secteur électrique enregistrait un déficit financier de 200 milliards de FCFA (305 millions d'euros) et si les prix ont augmenté, "les recettes ne couvrent pas encore les charges", souligne une source proche du dossier.
"L'Etat perd chaque année 63 milliards de FCFA (96 millions d'euros) du fait de cette subvention" à la CIE, souligne M. Toungara qui rappelle que l'Etat a déboursé 270 milliards de FCFA (environ 412 millions d'euros) en 2011.
"Pour le moment, le coût est ajusté de manière à tenir compte de l'environnement de production et de la demande", a rappelé le président Ouattara, qui a fait de la lutte contre la vie chère un des objectifs de son deuxième mandat.
L'augmentation des tarifs avait été réclamée par le Fonds monétaire international (FMI) pour remettre d'aplomb un secteur mal en point, selon l'économiste Yves Ouya.
Mécontente, l'Union fédérale des consommateurs de Côte d'Ivoire, un regroupement de 125 associations, déplore "une hausse abusive de 40% du prix du kwh d'électricité en cinq ans".
"Nous enregistrons une grogne permanente chez les consommateurs qui risque de mettre en péril la paix sociale", avertit Jean-Baptiste Koffi, président de l'association qui craint "des mouvements incontrôlés".
Avec AFP