Dix-neuf personnes dont le général Dogbo Blé, un ex-homme fort du régime de Laurent Gbagbo, et Anselme Séka Yapo, ancien responsable de la sécurité rapprochée de Simone Gbagbo, étaient dans le box des accusés du tribunal militaire à Abidjan pour être jugés pour assassinat et complicité d'assassinat.
Trois des 22 inculpés étaient absents et il manquait des pièces relatives à leur convocation pour pouvoir poursuivre l'audience, a souligné le président qui a décidé de renvoyer l'affaire.
Surnommé "le père Noël en treillis", Robert Gueï a dirigé la junte militaire installée en Côte d'Ivoire après le coup d'Etat du 24 décembre 1999 contre le président Henri Konan Bédié.
Le général Gueï avait été vaincu par Laurent Gbagbo à la présidentielle d'octobre 2000 et chassé du pouvoir par la rue alors qu'il tentait de s'y maintenir.
Agé de 61 ans, il avait été assassiné de six balles le 19 septembre 2002, jour d'un coup d'Etat manqué contre Laurent Gbagbo qui avait entraîné la prise de contrôle du nord et de l'ouest du pays par la rébellion. Son épouse, des membres de sa famille et de sa garde rapprochée avaient aussi été tués le même jour.
Robert Gueï avait été accusé par le pouvoir de Laurent Gbagbo d'être derrière ces troubles. Les partisans de Gueï attribuaient en retour au régime la mort de leur chef, ce que le camp Gbagbo a toujours récusé.
Parmi les principaux suspects figurent le commandant Anselme Séka Yapo, dit "Séka Séka", ancien responsable de la sécurité rapprochée de Simone Gbagbo, épouse de l'ex-chef d'Etat, et le général Dogbo Blé, ex-commandant de la Garde républicaine.
Anselme Séka Yapo, ex-commandant de gendarmerie, a été condamné le 4 août dernier à 20 ans de prison pour "assassinat" durant la crise post-électorale de 2010-2011.
Dogbo Blé, un ex-homme fort du régime de Laurent Gbagbo a été condamné en octobre 2012 à 15 ans de prison pour complicité dans l'assassinat d'un officier à la retraite et en mars 2015 à 20 ans de prison pour son rôle durant la crise postélectorale.
Pascal Affi N'Guessan et Moïse Lida Kouassi, respectivement Premier ministre et ministre de la Défense au moment des faits, font partie des témoins de ce procès.
"C'est la première fois en Côte d'Ivoire" que l'on juge l'assassinat d'un ancien chef d'Etat, a souligné le commissaire du gouvernement (procureur militaire) Ange Kessi, estimant que le procès devait être exemplaire.
Il a néanmoins essuyé les foudres de la défense qui a "dénoncé l'amateurisme du commissaire du gouvernement". "Ce renvoi est injustifiable", a estimé Me Rodrigue Djadjé, déplorant également "le niveau des poursuites et des instructions (...) vraiment bas".
"L'instruction a été bâclée et a été faite uniquement à charge", a renchéri son confrère Mathurin Dirabou.
"Dire que la justice n'est pas à la hauteur, c'est leur moyen de défense (...) Ces personnes sont de purs criminels (...) Ils ont fait ça sur instruction. Ils ont reçu des instructions de leur hiérarchie ( ...) L'assassinat du général a été planifié au plus haut de l'Etat de Côte d'Ivoire", a rétorqué Me Paul Oumar Singo Tia, avocat de la famille Gueï, en concluant: "Laurent Gbagbo manque, il devrait être là" dans le box.
Avec AFP