Des centaines de manifestants en colère ont affronté la police dans une banlieue de Minneapolis dans la nuit de dimanche après qu'un jeune homme noir de 20 ans a été abattu lors d'un contrôle routier.
Les manifestations à Brooklyn Center ont eu lieu quelques heures avant que le procès de Derek Chauvin, l'ancien policier de Minneapolis accusé du meurtre de George Floyd, ne reprenne lundi dans un tribunal situé à moins de 16 km de là.
Dimanche soir, à l'extérieur du commissariat de Brooklyn Center, de la fumée s'est dégagée alors qu'une file de policiers tirait des balles en caoutchouc et des agents chimiques sur les manifestants, dont certains lançaient des pierres, des sacs poubelles et des bouteilles d'eau.
Le maire de Brooklyn Center a ordonné un couvre-feu jusqu'à 6 heures du matin (1100 GMT), et le directeur de l'école locale a déclaré que le district passerait à l'enseignement à distance lundi "par excès de prudence".
Le jeune homme tué par la police a été identifié par des proches et par le gouverneur du Minnesota Tim Walz comme étant Daunte Wright.
Manifestations
Tard dimanche, un groupe d'environ 100 à 200 manifestants s'est rassemblé autour du quartier général de la police de Brooklyn Center et a lancé des projectiles, a déclaré le commissaire John Harrington du département de la sécurité publique du Minnesota lors d'un point de presse diffusé en direct. Le groupe a ensuite été dispersé.
Un autre groupe de manifestants a fait irruption dans une vingtaine de commerces d'un centre commercial régional, dont certains ont été pillés, selon la police et les médias locaux.
Les manifestants anti-police ont déjà passé ces derniers jours à se rassembler à Minneapolis alors que le procès de Derek Chauvin, un ancien policier de la ville, entre dans sa troisième semaine dans un tribunal entouré de barrières et de soldats de la Garde nationale.
M. Chauvin, de race blanche, est accusé de meurtre et d'homicide involontaire pour s'être agenouillé sur le cou de George Floyd, un Noir de 46 ans, qui était menotté en mai dernier. Une mort qui avait déclenché des manifestations à travers le monde.
Demande d'une enquête indépendante
La mère de Daunte Wright, Katie Wright, a déclaré aux journalistes présents sur les lieux qu'elle avait reçu un appel de son fils dimanche après-midi lui disant que la police l'avait stoppé parce qu'il avait des désodorisants accrochés à son rétroviseur, ce qui est illégal dans le Minnesota. Restée au téléphone, elle a pu entendre la police dire à son fils de sortir du véhicule, a-t-elle dit.
"J'ai entendu des échauffourées et j'ai entendu des officiers de police dire : 'Daunte, ne cours pas' ", a-t-elle dit en pleurant. L'appel a pris fin. Lorsqu'elle a recomposé son numéro, c'est la petite amie de son fils qui a répondu et elle lui a dit que ce dernier était mort sur le siège du conducteur.
Dans un communiqué, la police de Brooklyn Center a déclaré que les agents ont arrêté un homme pour une infraction au code de la route peu avant 14 heures, et ont découvert qu'il avait un mandat d'arrêt en suspens.
Alors que la police tentait de l'arrêter, il est remonté dans sa voiture. Un agent a tiré sur l'homme, qui n'a pas été identifié dans la déclaration. L'homme a roulé sur plusieurs pâtés de maisons avant de heurter un autre véhicule et de mourir sur place.
La police a déclaré que les caméras corporelles des deux officiers enregistraient pendant l'incident. Le Bureau d'appréhension criminelle de l'État a déclaré qu'il enquêtait sur la fusillade.
La branche du Minnesota de l'American Civil Liberties Union, un groupe de défense des droits, a déclaré qu'une autre agence indépendante devrait enquêter et a exigé la diffusion immédiate de toute vidéo de la fusillade.
Près du lieu de la fusillade, les manifestants ont crié leur colère contre une ligne de policiers en tenue anti-émeute tenant de longues matraques. Certains manifestants ont vandalisé deux véhicules de police, les bombardant de pierres et sautant dessus.
La police a tiré des balles en caoutchouc, touchant au moins deux personnes dans la foule et laissant au moins un homme saignant de la tête, selon un témoin de Reuters, avant que la foule ne se dirige vers le bâtiment du département de la police.