"Le manque de respirateurs sur le marché international m'a motivé. Même aux États-Unis et dans d’autres pays, il manquait des respirateurs. Le coronavirus est une maladie qui affecte le système respiratoire donc il y avait un besoin obligatoire de respirateurs. C’est ce qui m’a motivé", confie Issa Kouakou dans son atelier au quartier Tanghin de Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso.
Agé de 40 ans, cet ingénieur de formation vient de fabriquer la première génération de respirateurs Made in Burkina.
Les respirateurs sont des appareils qui aident à ventiler les patients en apportant de l’oxygène en cas de défaillance des organes respiratoires. Ce sont des outils vitaux pour le traitement des cas les plus sévères de coronavirus.
Le Burkina compte très peu de respirateurs. Il n’y a que 7 unités à Tengandogo, l’un des plus grands centres de santé du pays où les malades du covid-19 sont traités.
D’après l'Organisation mondiale de la santé, il y a moins de 2 000 respirateurs opérationnels au total dans les hôpitaux publics à travers le continent africain. Dix pays ne disposent même pas d’une seule unité, selon le New York Times.
Enseignant de technologie, M. Kouakou est le directeur fondateur du Bureau de recherche et de transfert de technologie (BRTT), une entité qui se spécialise dans la recherche et le développement.
“J’ai vu son innovation. Nous sommes en train de taper à toutes les portes possibles pour que ça puisse être développé à grande échelle", témoigne Silvère Salga, inventeur et promoteur de la société Salgatech.
"Il s’agit d’un respirateur qui permet l’introduction de médicaments. Non seulement il aère le poumon mais il a aussi la possibilité de mettre des médicaments qu’il mélange avec l’air et il introduit dans les voies respiratoires pour pouvoir faire le traitement", explique M. Kouakou.
L’ingénieur ajoute que la fabrication d’un respirateur lui coûte 500.000 francs CFA, tandis que sur le marché international une unité coûte dix fois plus, soit environ 5 millions de francs CFA.
"Je suis dans un groupe où il y a les médecins, des cardiologues, des réanimateurs, tout un corps de personnel médical qui vont certifier et qui vont tester ces respirateurs pour qu’ils soient aux normes internationales. Et s’il y a des corrections à faire, ce sont ces personnes qui vont dicter les corrections pour qu’on puisse les prendre en compte", affirme M. Kouakou.
"Tous les pays courent après les respirateurs. Si on a des initiatives endogènes qui peuvent nous permettre d’en fabriquer sur place, il faut sauter dessus sans hésiter", renchérit M. Salga.
A travers ses appareils, Issa Kouakou espère sauver des vies et amener les décideurs africains à faire confiance à l’expertise locale.
"Nos autorités ne reconnaissent pas les capacités technologiques qui sont à l’intérieur de leurs pays. Pourtant il suffit d’accompagner pour que ces capacités soient modernes comme celles qu’on va chercher ailleurs", a-t-il déclaré.