"C'est la première fois que la CPI désigne un État pour l'exécution des peines prononcées par la Cour", a indiqué le tribunal international dans un communiqué, en vertu d'accords passés en novembre avec la République démocratique du Congo.
"Thomas Lubanga et Germain Katanga sont arrivés à Kinshasa, ils sont entre nos mains", a confirmé à l'AFP le ministre congolais de la Justice Alexis Thambwe Mwamba.
Les détenus vont "exécuter le restant de leurs peines à la prison centrale de Makala", la grande prison de Kinshasa, a-t-il ensuite précisé dans un communiqué.
Les deux prisonniers "sont arrivés ce matin par un vol régulier Air France", a indiqué un responsable des services de sécurité congolais joint plus tôt à l'aéroport de Ndjili, ajoutant qu'ils "étaient menottés, escortés par la police occidentale et ont été accueillis par les services judiciaires" congolais.
Surnommé Simba (Le lion) pour sa férocité lorsqu'il était à la tête de sa milice des Forces de résistance patriotiques en Ituri (FRPI), M. Katanga, 37 ans, avait été transféré fin 2007 à la CPI.
En mars 2014, il avait été condamné à 12 ans de prison pour sa complicité dans l'attaque d'un village du nord-est de la RDC ayant fait environ 200 morts en 2003.
Thomas Lubanga, lui, avait été condamné en 2012 à 14 ans de prison pour avoir enrôlé des enfants, qui avaient ensuite été utilisés comme soldats ou gardes du corps dans la même région, en 2002 et 2003.
La présidence de la CPI a souligné que MM. Lubanga et Katanga "ont tous deux exprimé leur préférence de servir leurs peines d'emprisonnement respectives en RDC, leur pays d'origine".
Longue procédure judiciaire
L'exécution des peines sera soumise à la supervision de la Cour et "doit être conforme aux normes internationales généralement acceptées régissant le traitement des prisonniers", a-t-elle ajouté.
La CPI et Kinshasa ont indiqué avoir signé le 24 novembre deux accords "ad hoc" établissant le cadre de réception des deux condamnés dans une prison congolaise pour y purger le restant de leurs peines respectives.
"Le placement des détenus Lubanga et Katanga ce jour à la prison centrale de Makala est l'aboutissement heureux (d'une) longue procédure judiciaire qui (...) fait de la RDC, le seul État à avoir réalisé avec succès un cycle complet de la coopération" avec la CPI, s'est félicité M. Thambwe.
Début novembre, les juges de la CPI avaient réduit la peine de Germain Katanga, qui couvre aussi ses années de détention, notamment pour sa bonne conduite pendant les procédures et car il avait exprimé ses regrets pour les préjudices causés aux victimes.
Mi-novembre, M. Katanga avait exprimé son souhait de "revenir en RDC et notamment à Aru, en Ituri (nord-est) pour devenir agriculteur et vivre près de sa famille" après sa libération le 18 janvier.
L'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch (HRW) avait alors appelé la CPI à "expliquer" la réduction de peine de M. Katanga "aux communautés affectées" et à "préparer" son retour au pays.
Pour HRW, la CPI "a la responsabilité de surveiller la situation sécuritaire et de s'assurer que les victimes, témoins et intermédiaires qui ont été impliqués dans (son procès) sont en sécurité".
Les juges avaient néanmoins refusé en septembre de réduire la peine de M. Lubanga, transféré en mars 2006 à la CPI et devenu le premier condamné depuis l'entrée en fonction du tribunal en 2003.
L'Ituri, région riche en ressources, en or notamment, est en proie à des violences qui ont fait quelque 60.000 morts depuis 1999, selon les ONG.
Avec AFP