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Crise migratoire : Paris et Berlin mettent la pression sur la Turquie


La police turque découvre le cadavre d'un migrant sur la plage près de Ayvacık, Turquie, le 30 janvier 2016.
La police turque découvre le cadavre d'un migrant sur la plage près de Ayvacık, Turquie, le 30 janvier 2016.

Contrôle des flux, politique des visas, lutte contre les filières : Paris et Berlin veulent accroître la pression sur la Turquie pour tenter de résoudre une crise migratoire qui fait tanguer l'Europe.

En visite vendredi à Athènes, le ministre français de l'Intérieur Bernard Cazeneuve et son homologue allemand Thomas de Maizière ont plaidé la solidarité européenne, avec un message simple: il y a "un risque pour Schengen" si l'Europe ne se dote pas des outils suffisants pour mieux contrôler les frontières, notamment dans les "hotspots", ces centres d'accueil et de transit qui peinent à prendre leur rythme en Grèce.

Le gouvernement grec a annoncé le déblocage de 9,3 millions d'euros pour achever d'ici à la mi-février l'installation des cinq hotspots sur les îles de Lesbos, Chios, Leros, Samos et Kos en mer Egée.

Mais la solution à cette crise passe aussi par une maîtrise du nombre d'arrivants. "Il y a une urgence, une obligation de lucidité, d'action, pour stopper les flux et créer les conditions d'un accueil digne de ceux qui, persécutés dans leur pays, relèvent du statut de réfugié en Europe", a déclaré Bernard Cazeneuve.

Le but "ne peut pas être seulement d'enregistrer (..) les réfugiés qui arrivent et de procéder à leur répartition équitable", a également estimé Thomas de Maizière.

Les deux ministres s'exprimaient lors d'une conférence de presse à Athènes qui a mis en lumière les défaillances de la Grèce dans la gestion de la crise migratoire. Plus de 850.000 personnes fuyant guerre et misère sont arrivés dans le pays en 2015, la plupart avant de continuer leur route vers l'Europe du Nord et de l'Ouest.

Bernard Cazeneuve a proposé "qu'une expertise française soit diligentée dans les prochains jours" en Grèce pour évaluer les besoins et les solutions techniques dans les hotspots. L'Allemagne va elle envoyer cent policiers supplémentaires et deux navires pour surveiller les côtes.

Mais il faut aussi "intensifier le retour de ceux qui n'ont pas besoin de protection", et dans ce contexte nous voulons "améliorer la coopération opérative avec la Turquie," a déclaré M. de Maizière.

Il faut que la discussion avec la Turquie "aille à son terme", a expliqué Bernard Cazeneuve avant son départ pour Ankara, où il devait parler "des visas", "du soutien aux réfugiés dans les camps" et "de la lutte contre les passeurs" avec son homologue turc Efkan Ala.

Côté allemand, c'est la chancelière Angela Merkel, qui se rendra lundi en Turquie, a annoncé vendredi son porte-parole.

- "Engagements" -

Outre les Syriens, la Turquie voit arriver un nombre croissant de migrants d'Afghanistan, du Soudan, du Pakistan ou de pays du Maghreb, dont les ressortissants bénéficient sur son territoire d'exemptions de visas.

"Il faut que la Turquie aligne sa politique de visas sur celle de l'Europe", "sinon il n'y aura pas de tarissement du flux", avait affirmé jeudi M. Cazeneuve sur l'île grecque de Lesbos, à quelques encablures des côtes turques.

Il avait aussi plaidé pour qu'Ankara bénéficie de l'aide débloquée par l'UE afin de "favoriser le maintien des réfugiés dans les camps" et de pouvoir ainsi organiser leur retour dans leur pays lorsque la situation le permettra.

L'Union européenne a approuvé mercredi les modalités du financement d'un fonds de trois milliards d'euros destiné aux réfugiés syriens en Turquie.

"Il s'agit à présent que les Turcs remplissent leur part des engagements", souligne-t-on de source diplomatique française.

La question des réfugiés doit figurer parmi les grands sujets abordés dimanche soir lors d'un dîner entre François Hollande, Angela Merkel et le président du Parlement européen Martin Schulz à Strasbourg.

L'enjeu est de taille pour les Européens, car l'arrivée du printemps risque d'entraîner un nouveau pic de l'exode. La question est devenue particulièrement cruciale pour la chancelière Angela Merkel, sous pression politique alors que son pays a accueilli plus d'un million de réfugiés.

Pour sa part, Athènes a mis en cause "la rhétorique xénophobe et d'extrême droite" de certains pays de l'Europe centrale, comme la Pologne, la Hongrie, la Slovaquie et la République tchèque, qui est "contraire à la politique adoptée par l'UE".

"L'application des décisions européennes et l'accord avec la Turquie sont la seule voie pour la gestion solidaire et humaine de la question des réfugiés", a-t-on indiqué de source gouvernementale.

Avec AFP

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