De nombreux Kenyans ont fait part jeudi de leur indignation, à l'annonce qu'un groupe de parlementaires s'était rendu en Russie pour assister à des matches de la Coupe du monde de football aux frais des contribuables.
Le scandale a éclaté après que certains de ces parlementaires eurent posté sur les réseaux sociaux des selfies d'eux-mêmes profitant pleinement des matches du Mondial, pour lequel le Kenya n'était pas qualifié.
"Est-ce que ce n'est pas une très mauvaise blague que des dirigeants puissent voyager en Russie pour regarder du football, quand nous avons tant de problèmes ici ?", s'est interrogé Sylvester Aseka, un vendeur d'ordinateurs d'occasion à Nairobi.
"Oh mon Dieu, je veux croire que ce n'est pas vrai, les photos que certains d'entre eux publient", s'est écriée Jacinta Mong'ina, une étudiante de 26 ans.
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"Ça signifie qu'ils ont beaucoup de temps et les moyens pour aller en Russie. Quand serviront-ils leurs électeurs?", a-t-elle demandé.
Le quotidien The Star a rapporté qu'une vingtaine de parlementaires sont depuis le début du mois en Russie et qu'ils devraient assister à la finale dimanche.
La facture pour le transport, le logement, les tickets de match et les perdiem a entièrement été réglée par le gouvernement, selon le journal.
Le Star estime que le coût global pourrait s'élever à environ 450.000 dollars (385.000 euros).
Le président de l'Assemblée nationale Justin Muturi a confirmé le voyage, mais estimé que ce n'était "pas une mauvaise chose".
"Ils doivent préparer un rapport quand ils reviennent et le présenter devant le Parlement. C'est la procédure habituelle", a-t-il expliqué.
Selon le Star, Jeremiah Nyegenye, un haut responsable du Sénat, a défendu les parlementaires en affirmant qu'il s'agissait d'"activités officielles".
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"Il est de leur responsabilité de comprendre les sports, comment accueillir de tels tournois internationaux. Ce ne sont pas des vacances et c'est trop simpliste de regarder ça comme juste une balade pour le plaisir", a-t-il déclaré.
Les parlementaires kényans figurent parmi les mieux payés (salaire mensuel de 6.000 euros et primes de présence, alors que le salaire minimum pour un employé non qualifié à Nairobi est fixé à environ 72 euros mensuels) et ont souvent par le passé choqué le public avec leurs demandes salariales exorbitantes.
En août 2017, les députés tout juste élus avaient réclamé une hausse de salaire, avant même d'avoir officiellement pris leurs fonctions. Et en 2013, la population était descendue en masse dans la rue pour dénoncer les excès des "MPigs", mot formé à partir de MPs -abréviation de Members of Parliament (députés) - et de Pig (cochon).
Avec AFP