Les cendres du "Comandante" ont été placées dans une grande pierre blanche de 2,5 mètres de haut environ, derrière une plaque de marbre carrée sur laquelle a été sobrement gravé son prénom "Fidel", a pu constater un photographe de l'AFP au cimetière Santa Ifigenia de Santiago.
Cette pierre a été installée entre le mausolée de José Marti, père de l'indépendance de Cuba et celui dédié aux victimes de l'attaque ratée de la caserne de la Moncada à Santiago en 1953, considérée comme l'acte fondateur de la révolution cubaine.
"Il n'y a pas eu de discours, c'était très sobre", a rapporté à l'AFP la ministre de l'Ecologie Ségolène Royal, envoyée par le gouvernement français à ces funérailles qui, contrairement à ce qui était attendu, n'ont pas été retransmises en direct par la télévision d'Etat.
Les médias étrangers ont, quant à eux, été tenus à bonne distance du cimetière, mais des journalistes de l'AFP ont pu observer fugacement que la cérémonie s'était tenue en présence d'une trentaine de personnes.
"Il y avait les officiels (..) et puis ensuite toute la file qui attendait pour déposer une rose", a encore raconté Mme Royal, cible de critiques en France pour avoir défendu le bilan de Fidel Castro au cours de ce voyage à Cuba.
Ces funérailles avaient été précédées d'une courte procession des cendres de Fidel Castro vers le cimetière, devant lequel était massée une foule de plusieurs milliers de personnes qui a scandé "Viva Fidel" au passage de l'urne recouverte d'une coque de verre, placée sur une remorque tirée par une jeep militaire.
Riveraine du cimetière, Marina Brito Carmenati, retraitée de 66 ans, s'est réveillée à 4 heures du matin pour saluer une dernière fois "Fidel". "Je ressens beaucoup de douleur, beaucoup de tristesse, c'est notre père à tous".
"Il a beaucoup fait pour nous tous, et encore plus pour nous, les gens de couleur", assurait de son côté Sanos Varga Negret, retraitée de 70 ans.
Fidel 'planera' sur Cuba
Adulé par certains, honni par d'autres, Fidel Castro a gouverné sans partage sur l'île caribéenne et défié la superpuissance américaine pendant près de 50 ans.
Le cimetière était fermé aux visiteurs depuis plusieurs jours, entretenant le doute sur l'apparence de la future sépulture du "Comandante", qui avait cédé le pouvoir à son frère Raul en 2006 à la suite d'une grave opération des intestins. On ignorait encore dimanche quand il serait de nouveau ouvert au public.
Ces ultimes cérémonies scellent la fin d'un deuil national de neuf jours décrété après le décès de Fidel Castro et marqué par de nombreux hommages à La Havane et en province. Pendant le deuil, autorités et médias d'Etat ont répété à l'envi que l'enjeu était désormais de pérenniser le legs du père de la révolution socialiste.
Samedi soir, Raul Castro a juré, devant les cendres de son frère, de "défendre la patrie et le socialisme", lors d'une cérémonie d'hommage place de la Révolution Antonio Maceo de Santiago.
Prenant de court beaucoup de Cubains, Raul Castro a aussi annoncé qu'aucun lieu ni monument ne porterait le nom de Fidel Castro à Cuba dans l'avenir.
"Le leader de la révolution rejetait toute manifestation du culte de la personnalité et a été constant dans cette attitude jusque dans ses dernières heures", a-t-il expliqué.
Pourtant, selon Ted Piccone, spécialiste de l'Amérique latine du centre d'études américain Brookings, cela n'empêchera pas "son souvenir de planer sur Cuba pendant longtemps".
Mais tout repose désormais sur les épaules de Raul Castro, qui depuis dix ans mène une lente et timide ouverture de l'économie cubaine, et a été l'artisan d'un spectaculaire rapprochement avec les Etats-Unis et d'un retour progressif de Cuba dans le concert international. Agé de 85 ans, il a prévu de laisser le pouvoir à une nouvelle génération à partir de 2018.
Avec AFP