À Abuja, la rencontre avec le président Buhari "portera sur la sécurité régionale et la lutte contre Boko Haram", a expliqué M. Macron à des journalistes qui l'accompagnent.
"M. Buhari a été l'acteur essentiel de la force d'action africaine contre Boko Haram, avec des résultats", a-t-il ajouté, soulignant que dans cette lutte pour la sécurité, "la mobilisation des États africains est fondamentale".
Le Nigeria, au coeur de l'insurrection jihadiste de Boko Haram, qui a fait plus de 20.000 morts depuis 2009, est un acteur militaire puissant en Afrique de l'Ouest avec quelque 200.000 hommes en uniforme.
M. Macron "aime beaucoup" le Nigeria, où il a effectué son stage de l'Ecole nationale d'administration (ENA) à l'ambassade de France à Abuja.
"C'est un pays attachant", a confié le chef d'Etat français.
"J'ai beaucoup de souvenirs (d'une période) de découverte de l'Afrique qui ne m'a pas quitté."
Après son passage au Ghana, il y a quelques mois, le président français montre ainsi une claire intention d'avoir des rapports plus étroits avec l'Afrique anglophone.
Économiquement, le Nigeria est un partenaire indispensable pour la France. Son marché de 180 millions de personnes est incontournable et le pays, avec une production globale de quelque 2 millions de barils/jour, représente plus de 10% de la production du groupe français Total.
Toutefois, pour sa troisième et dernière étape de sa tournée, à Lagos, le président français a décidé de sortir des carcans diplomatiques traditionnels en axant sa visite sur le rayonnement artistique et culturel de la ville. Il est le premier président français à se rendre dans cette mégalopole de 20 millions d'habitants.
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Mardi soir, lors d'une soirée rythmée de concerts, de défilés de mode ou de scènes de théâtre, le chef de l'Etat lancera officiellement la Saison des cultures africaines qui se tiendra en France en 2020, qu'il avait annoncée à Ouagadougou, lors d'une précédente tournée en Afrique de l'Ouest.
L'Elysée souhaite "le déploiement d'une stratégie culturelle et artistique qui remette l'Afrique" au centre, a confié M. Macron.
Le choix du lieu, le Shrine, salle de concert emblématique du roi de l'afrobeat Fela Kuti, a toutefois interloqué de nombreux Nigérians, qui n'ont pas l'habitude d'y voir des délégations diplomatiques, mais cela réjouit le président français qui s'y est déjà rendu et en garde le souvenir "d'un endroit incroyable et vibrant".
"C'est une très belle surprise, que M. Macron ait choisi de célébrer la culture lors de son passage à Lagos", explique à l'AFP le ministre local du Tourisme et de la Culture, Steve Ayorinde. "Mais ce n'a pas été un choc, sachant que la France est un pays très réputé pour l'attention portée à la culture et sachant que M. Macron est un président jeune, qui connaissait déjà le pays".
Tokini Peterside, directrice d'Art X, l'une de plus grandes foires d'art contemporain d'Afrique et qui présentera le travail de trois artistes nigérians au président Macron est "incroyablement enthousiaste".
"C'est osé de sa part", confie-t-elle. "Mais Lagos peut enfin être montrée pour ce qu'elle est: la capitale culturelle de l'Afrique, avec des musiciens, des artistes et des créateurs de mode qui sont reconnus désormais à travers le monde."
Mercredi, après une rencontre avec de jeunes entrepreneurs nigérians, le président inaugurera la nouvelle Alliance Française de la ville.
Dans une ville, où les infrastructures manquent cruellement malgré l'énergie artistique, la culture reste très chère, et l'Alliance, au-delà de diffuser la francophonie - autre point important de la visite présidentielle - veut donner accès au cinéma et aux expositions au plus grand nombre.
C'est un Nigérian qui finance cet immense lieu situé dans le quartier huppé d'Ikoyi: Mike Adenuga, deuxième homme le plus riche du Nigeria avec une fortune estimée à plusieurs milliards de dollars grâce au pétrole et aux télécommunications, a payé la totalité du bâtiment.
Avec Reuters