Le cyclone Batsirai a quitté Madagascar lundi matin sans toucher les principales villes, après avoir fait 20 morts selon un dernier bilan des autorités.
Les inondations ont néanmoins ravagé le "grenier à riz" du centre de l'île faisant craindre une aggravation de la situation humanitaire, a alerté l'Unicef.
"Batsirai a quitté Madagascar ce matin à 07H00 (04H00 GMT) pour sortir sur le golfe du Mozambique", a déclaré à l'AFP Jean Benoit Manhes, représentant adjoint de l'Unicef à Madagascar. Selon le dernier bilan du Bureau de gestion des risques et des catastrophes (BNGRC), 20 personnes ont été tuées et 55.000 ont dû quitter leur foyer.
Le cyclone tropical avait atterri dans la nuit de samedi à dimanche sur la côte est de la grande île de l'océan Indien avec de fortes pluies et des rafales de vent allant jusqu'à 165 km/h, après avoir frappé l'île française de la Réunion. L'Unicef craint que de nombreuses victimes soient des enfants, dans un pays où ils représentent plus de 50% de la population.
Le cyclone a d'abord touché une zone côtière de 150 km de long peu densément peuplée et agricole. Avant de se diriger vers l'ouest à l'intérieur des terres, provoquant des crues de rivières qui ont dévasté les rizières du "grenier à riz" de Madagascar, dans le centre du pays, selon l'Unicef.
"L'impact du cyclone ne se termine pas aujourd'hui, il va durer plusieurs mois notamment sur l'impact agricole", a mis en garde M. Manhes. Un des pays les plus pauvres du monde, Madagascar avait déjà été frappée un mois plus tôt par une tempête tropicale meurtrière, Ana, qui avait fait 55 morts sur l'île et des dizaines de milliers de sinistrés.
La capitale Antananarivo et le principal port du pays Tamatave (nord-est) ont été cette fois épargnés par le cyclone, ce qui explique un bilan humain en-deçà de ce qui était redouté par les autorités et les ONG, qui tablaient sur 500.000 personnes affectées et 140.000 déplacées.
"Les toits de plusieurs centaines d'écoles, de centres de santé ont été soufflés" dans les zones affectées, souligne toutefois l'Unicef pour qui le bilan reste important sur une île où 77% de la population vit sous le seuil de pauvreté et touchée par une sévère sécheresse dans le sud, qui a précipité plus d'un million de personnes dans une malnutrition aigüe avec des poches de famine.
Sur son passage, Batsirai a en partie détruit la principale route reliant l'île du nord au sud, "ce qui rendra difficile la fourniture d'accès et de renfort dans certains villages y compris dans les zones de sécheresse", a alerté Jean-Benoit Manhes, soulignant que "Madagascar est en crise humanitaire constante".