Si le gouvernement parvient à faire passer son projet visant à contrôler les réseaux sociaux, ce sont autant de moyens de communication qui pourraient être menacés.
Whatsapp, Facebook, Messenger, Skype ou encore Viber sont au cœur du débat près d’un mois après la répression brutale du mouvement de protestation de la jeunesse contre les violences policières et pour une meilleure gouvernance dans le pays.
Les déclarations en faveur d’un contrôle d’internet par les autorités nigérianes se multiplient.
J. J. Omojuwa est un blogueur nigérian influent sur les réseaux sociaux. Connu pour son franc-parler, il craint que cela "va limiter l’accès à l’internet. J'espère que le gouvernement ferait mieux de ne pas aller en guerre contre ses citoyens et de ne pas mettre un terme à leur liberté d’expression et violer leurs droits humains".
Internet fait partie de la vie quotidienne de millions de Nigérians.
Les gouverneurs des États du Nord, réunis récemment à Kaduna, se sont également prononcés officiellement en faveur de telles mesures de contrôle. Ce qui passe mal pour la société civile et d’autres leaders d’opinion qui s’opposent au projet.
Selon la directrice du Centre pour la démocratie et le développement (CDD) Idayate Hassan, "Ils craignent que les gens s’expriment. La manifestation pour mettre fin à SARS, ou Endsars, nous a aussi donné l’opportunité de comprendre qu’il est possible de mobiliser en ligne et que cette mobilisation en ligne peut se traduire par une présence dans les rues".
Les Nigérians se posent encore des questions sur ce que les autorités veulent réellement en tentant de réglementer les réseaux sociaux.
"Le gouvernement n’a pas encore indiqué clairement ce qu’il veut réglementer. S’il s’agit de limiter l’accès, nous disons 'non' ", tranche le professeur Walter Ihejirika, expert en communication à l’université de Port Harcourt, dans le sud du Nigeria.
Les autorités parlent d'un simple problème d'interprétation. Une communication qui, malgré tout, ne dissipe pas les inquiétudes, comme l'explique le ministre de l’Information et de la culture, Lai Mohamed.
"Il ne s’agit pas seulement d’un projet de loi, mais d’une politique. Il s’agit de la technologie et aussi un consensus entre les utilisateurs. Ce qui s’est passé récemment nous interpelle plus que jamais et oblige le gouvernement à prendre des décisions pour nous permettre d’avoir des informations crédibles sur les réseaux sociaux", a-t-il déclaré.
Des tentatives des autorités fédérales de contrôle des réseaux sociaux ne sont pas un phénomène nouveau au Nigeria, où durant les cinq dernières années, plus de trois projets de loi visant à encadrer l’usage des réseaux sociaux ont été déposés.
Tous restent dans les tiroirs des députés au Parlement fédéral.