Les dirigeants des 20 plus grandes puissances de la planète se réunissent deux jours dans cette grande cité portuaire de l'ouest du Japon, pour ces retrouvailles annuelles depuis 2008 d'une famille internationale qui n'en finit plus de se déchirer.
Sur le commerce d'abord: "Il va y avoir beaucoup de boulot", a confié le Premier ministre australien Scott Morrison à l'issue d'une rencontre jeudi soir avec Donald Trump. "J'ai quitté (le dîner) en me disant que cela allait être dur" de rapprocher les positions américaines et chinoises.
Avant l'entrevue très attendue entre Donald Trump et Xi Jinping samedi, le président américain a donné le ton, critiquant vivement, et pour diverses raisons, l'Inde, l'Allemagne, et même le pays hôte du G20, sans oublier la Chine.
Saura-t-il adoucir sa rhétorique et ses positions tranchées pour parvenir à s'entendre avec son rival chinois?
- Huawei dans la balance? -
L'analyste Ebrahim Rahbari de CitiFX évalue à 60% la probabilité d'un "accord de reprise des négociations, avec pour but ultime un accord complet, mais avec peu d'effet dans l'immédiat si ce n'est de repousser la menace de taxes douanières supplémentaires sur les importations chinoises".
Ce serait déjà un soulagement pour ceux qui redoutent l'impact de cette guerre commerciale sur la conjoncture mondiale.
Mais ce n'est pas gagné, si l'on en croit un article du Wall Street Journal affirmant que la Chine comptait poser ses conditions, parmi lesquelles la levée des sanctions américaines contre son fleuron technologique Huawei. Ce que Larry Kudlow, conseiller économique de Donald Trump, a toutefois fermement démenti.
Le duel sino-américain promet d'éclipser les autres discussions prévues au G20, ce qui agace le président français Emmanuel Macron, arrivé dès mercredi au Japon.
"On est capturé par une tension qui doit être un accord entre les États-Unis et la Chine. C'est une mauvaise méthode. Le commerce n'est pas un jeu", a-t-il insisté jeudi, espérant une "parole forte" du G20 sur le multilatéralisme.
Discorde aussi sur le climat. Donald Trump, qui a décidé de se retirer de l'accord de Paris de 2015, bouscule régulièrement ses partenaires à ce sujet.
Autre trublion, le président brésilien Jair Bolsanoro a déjà lancé un avertissement, face aux critiques de l'Allemagne sur son action environnementale, rejointe par la France: "Le Brésil doit être respecté. Nous n'accepterons pas d'être traités comme par le passé", a-t-il prévenu.
- La santé de Merkel -
Mésentente enfin sur la direction même que doit prendre la mondialisation, un peu plus d'une décennie après le premier G20 des chefs d'Etat, à l'automne 2008. Les leaders avaient alors serré les rangs face au cataclysme financier mondial.
Vladimir Poutine a ainsi critiqué l'idée de "progressisme" ("liberalism" en anglais), dans une interview au Financial Times vendredi, en écho au discours de son homologue américain qu'il doit rencontrer dans la journée.
Les progressistes "ne peuvent simplement pas dicter ce qu'ils veulent comme ils l'ont fait ces dernières décennies", a lancé l'homme fort de Russie, saluant la position forte de Donald Trump sur l'immigration. "Cette idée est devenue obsolète et est en conflit avec les intérêts de l'immense majorité de la population", a-t-il jugé.
Sur l'Iran, le président russe est en revanche aux antipodes de Donald Trump, et il cherchera probablement à le raisonner lors d'une entrevue vendredi. L'hôte de la Maison Blanche évoque désormais une guerre qui "ne durerait pas longtemps" contre Téhéran, accusé de course à l'arme nucléaire. Une "illusion", selon les Iraniens.
Tout au long de ces deux jours de débats, les regards seront aussi tournés vers Angela Merkel, arrivée vendredi au petit matin.
La chancelière allemande, qui incarne un goût du compromis et une tradition multilatérale désormais contestés par la montée des populismes, arrive au Japon au lendemain d'une nouvelle crise de tremblements en public, suscitant des inquiétudes sur sa santé.
Avec AFP