A huit mois de la présidentielle, le parti historique d'opposition Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) va se rassembler à Kinshasa autour de son président-candidat Félix Tshisekedi, qui accusait récemment le président Joseph Kabila d'avoir instauré une dictature semblable à celle qui prévalait en 1990 sous le maréchal Mobutu Sese Seko.
Fils du fondateur de l'UDPS décédé en février 2017, investi il y a un mois à peine, M. Tshisekedi va tenir son premier meeting de campagne et dévoiler les grandes lignes de son projet présidentiel, d'après la presse kinoise. Il s'agit de commémorer l'anniversaire de l'ouverture démocratique, selon l'UDPS.
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Il y a tout juste six mois, il était encore empêché de tenir une réunion publique à Lubumbashi, grande ville minière dans le sud-est du pays.
Le meeting a été autorisé par le gouverneur de Kinshasa, qui avait systématiquement interdit les rassemblements de l'opposition, ainsi que les trois marches d'un collectif proche de l'Eglise catholique les 31 décembre, 21 janvier et 25 février.
La répression de ces marches avait fait une quinzaine de morts.
De fait, le pouvoir interdisait toute manifestation depuis la répression des manifestations de septembre 2016 organisées à l'appel de l'ex-leader de l'UDPS et père de Félix, Etienne Tshisekedi.
Des dizaines de personnes avaient été tuées à Kinshasa -dont certaines à proximité du siège de l'UDPS - en appelant le président Kabila à quitter le pouvoir comme prévu à la fin de son deuxième et dernier mandat en décembre 2016.
Depuis, Etienne Tshisekedi est décédé, à 84 ans, le 1er février 2017 à Bruxelles où sa dépouille se trouve toujours. Le président Kabila est resté au pouvoir, au moins jusqu'aux élections prévues fin 2018.
Autre signe de détente? Le pouvoir, l'UDPS et la famille Tshisekedi ont repris les négociations pour le rapatriement de la dépouille du patriarche. Une commission a été mise en place pour l'organisation des obsèques.
'Comprenez mon émotion'
Un accord avait déjà été annoncé mi-2017 mais jamais mis en application, sur fond de tensions politiques croissantes.
Des rumeurs indiquent aussi que le pouvoir pourrait proposer le poste de Premier ministre à Félix Tshisekedi, comme Mobutu obligé de lâcher du lest avait appelé son père à la tête du gouvernement dans les années 90.
En république démocratique du Congo, le 24 avril est une date historique. L’ancien président Mobutu prononçait ce jour-là un discours historique qui marquait la fin du parti-Etat. Ce revirement politique permettait la création de plusieurs partis politiques.
Ce jour-là, l'homme à la toque de léopard et aux lunettes à monture épaisse annonce qu'il quitte la présidence du parti unique MPR (Mouvement populaire de la Révolution), en marquant un temps d'arrêt dans son discours comme s'il avait la gorge nouée, avant de lancer cette phrase devenu légendaire sur les bords du fleuve Congo: "Comprenez mon émotion".
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Sept ans plus tard, Mobutu sera renversé par le père de l'actuel président, Laurent-Désiré Kabila, soutenu par le nouveau pouvoir tutsi du Rwanda qui voulait en finir avec les milices hutues réfugiées dans l'est de l'ex-Zaïre.
Vingt-huit ans après, "il n'y a pas grand chose qui a changé", lance avec amertume le professeur Kabuya Lumuna Sando, ancien directeur de cabinet adjoint et porte-parole entre 1992 et 1997 de Mobutu.
"Il y a des similitudes dans les débats, les comportements et les positionnements de l'homme politique congolais", affirme-t-il.
Il prend pour exemple précis l'actuel débat autour du "seuil de représentativité" prévu dans la loi électorale qui tente d'éliminer les petits partis aux élections législatives : Ils doivent atteindre au moins "3 % du nombre total de suffrages valablement exprimés" au niveau national pour espérer remporter des sièges à l'assemblée nationale.
"Le débat sur le seuil de représentativité aujourd'hui n’est pas différent de l’époque de Mobutu où la loi parlait plutôt de +score+ en précisant que c’est le score obtenu après les élections qui détermine si l’on est reconnu parti politique ou pas", commente-t-il.
Avec AFP