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Détournements allégués de fonds à la défense: les autorités nigériennes saisissent la justice


Des soldats patrouillent à l'entrée d'un bureau de vote à la mairie de Niamey lors du second tour de l'élection présidentielle, le 20 mars 2016. (AFP PHOTO / ISSOUF SANOGO)
Des soldats patrouillent à l'entrée d'un bureau de vote à la mairie de Niamey lors du second tour de l'élection présidentielle, le 20 mars 2016. (AFP PHOTO / ISSOUF SANOGO)

Longtemps attendu, le rapport d’audit des marchés d’achat d’équipements militaires au profit des soldats engagés dans la lutte contre le terrorisme est parvenu à la justice, a annoncé le procureur de Niamey dans un communiqué.

"Le rapport concerne non seulement les marchés de ce ministère passes de 2017 à 2019, mais aussi certains antérieurs à l’année 2017 à raison de leurs spécificités", indique le texte.

Au total, il y a 177 dossier de marchés dont les conditions de passation, d’exécution ou de paiement sont susceptibles de poursuites judiciaires, ajoute le bureau du procureur qui rassure que l’Etat nigérien sera "intégralement mis dans ses droits".

La transmission de ce dossier à la justice était une exigence de beaucoup de citoyens depuis que le gouvernement a officiellement annoncé qu’un audit a révélé des irrégularités dans les procédures de passation de certains marchés au ministère de la défense.

Au départ, le ministre porte-parole du gouvernement indiquait que l’exécutif avait pris la décision de faire rembourser tous ceux qui ont indûment perçus de l’argent dans le cadre desdits marchés et que seuls ceux qui refuseraient d’obtempérer seraient transmis à la justice.

Le syndicat des magistrats avait protesté, en précisant par un tel geste le gouvernement "s’érige en juridiction et met à mal le principe sacro-saint de la séparation des pouvoirs".

Au final, les magistrats ont eu le dessus, même si l’annonce du procureur ne rassure pourtant pas vraiment les Nigériens.

"Lorsqu’il affirme que l’Etat sera mis dans ses droits, ce n’est pas différent de ce qu’a dit le gouvernement", commente Ibrahim Bana, cyber-activiste.

Avant d'ajouter: "certains dossiers sont susceptibles de qualificatifs pénaux​, cela signifie que c’est seulement le procureur qui va regarder le dossier et choisir ceux pour lesquels il va engager des poursuites".

Il précise que la société civile a ​demandé qu'un rapport soit d’abord publié pour servir de référence de telle sorte que les organismes indépendants puissent "surveiller le travail du procureur au nom de la redevabilité".

"Tout est bien qui finit bien", déclare de son côté Adamou Manzo, habitant de Niamey qui estime qu’avec la transmission du dossier à la justice "toute polémique doit cesser".

"Ceux qui se sont agités pour vouloir influencer le gouvernement à agir selon ce qu’ils veulent doivent comprendre qu’un gouvernement agit dans le sens de la loi et de son respect", ajoute-t-il.

Réagissant à cette annonce du procureur, Nouhou Arzika, un des leaders de la société civile, a interpellé la conscience des juges qui seront amenés à traiter le dossier.

"Qu’ils soient des magistrats instructeurs ou de jugement, ils doivent se rappeler qu’ils sont en train d’exécuter une mission nationale car du fait de cette affaire au ministère de la défense il y a eu des morts, des blessés, des veuves et des orphelins", clarifie-t-il.

Six acteurs de la société civile sont emprisonnés depuis la mi-mars, alors qu’ils tentaient de braver l’interdiction d’une manifestation publique pour exiger la publication du rapport de cet audit et sa transmission à la justice.

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