Ces hommes, connus localement sous le nom de bandits, pillent les villages, volent le bétail et pratiquent des enlèvements contre rançons. Cette année, ces gangs ont pris pour cible des écoles et des universités, enlevant plus de 1.400 élèves, selon l'Unicef.
Début septembre, des centaines de soldats appuyés par des forces aériennes ont lancé une offensive dans l'Etat de Zamfara, où sont installées un grand nombre de ces bandes.
Pour mener à bien cette opération militaire, les autorités ont suspendu les réseaux mobiles à Zamfara.
Elles ont également imposé une série de restrictions, allant de l'interdiction de vendre des bidons d'essence jusqu'à la suspension de marchés de bétails, l'une des principales sources de revenus de ces gangs.
En réaction, les "bandits" ont installé des barrages sur plusieurs grandes routes de Katsina, l'Etat frontalier avec Zamfara. Là, ils saisissent la nourriture transportée par les camions, et siphonnent l'essence des véhicules, selon les témoignages d'habitants recueillis au téléphone par l'AFP.
"Ces derniers jours, nous avons observé une présence accrue d'hommes armés à moto dans la zone", explique Ashiru Bawa, qui habite dans le département de Kankara. "Les pénuries de nourriture et d'essence les ont sérieusement affectés".
Les médias locaux rapportent que les criminels se trouvent privés de nourriture, et qu'ils exigent désormais aux familles des otages des vivres, et non plus des billets de banques, pour le paiement des rançons.
Les autorités de Katsina ont également coupé les réseaux mobiles sur une partie du territoire. Tout comme l'Etat voisin de Sokoto dimanche.
La suspension des télécommunication vise à empêcher les bandits d'échanger entre eux, mais aussi avec leurs informateurs, et protéger ainsi les déplacements des troupes.
Mais ces coupures affectent également les habitants qui peinent désormais à prévenir les autorités en cas d'attaques, affirme M. Bawa, qui a parcouru 120 kilomètres pour atteindre la capitale de l'Etat de Katsina et passer un important coup de fil.
A Katsina, les bandits n'ont pas fait de mal aux automobilistes, selon les habitants qui craignent cependant qu'ils ne reprennent leurs attaques "après avoir repris des forces", s'inquiète M. Bawa.
Les différentes campagnes militaires lancées depuis 2016 et les accords d'amnistie conclus entre les gouverneurs locaux avec les bandits n'ont pas réussi à mettre fin aux violences.
- "Affamés et abattus" -
Ces derniers jours, les autorité de Kaduna ont rapporté une augmentation du nombre d'attaques dans plusieurs zones reculées de cet autre Etat voisin.
Les bandits ont envahi plusieurs communautés dans les districts de Igabi, Chikun, Giwa, Birnin Gwari et Sanga "où plusieurs habitants ont perdu la vie", a déclaré le responsable de la sécurité de l'Etat de Kaduna, Samuel Aruwan.
Les habitants du district de Giwa ont informé l'AFP que des hommes armés juchés sur des motos et venus de Zamfara circulaient actuellement sur leurs routes et occupaient les villages de Saulawa et Damari.
Ailleurs, dans le district de Birnin Gwari, les bandits "sont arrivés pour la plupart à pied, l'air affamé et abattu, et se sont enfoncés dans la forêt", décrit un habitant du village de Udawa, Husseini Ibrahim.
Selon lui, certains de ces hommes prêchent auprès de la population, suggérant un possible lien avec Ansaru, un groupe affilié à al-Qaïda présent dans les forêts de Kaduna.
Les bandes criminelles sont d'abord motivées par l'appât du gain, et n'ont a priori pas de motivation idéologique, mais des liens avec les groupes jihadistes qui opèrent à des centaines de kilomètres de là, dans le nord-est du Nigeria, existent également.
"Les bandits qui sont chassés de Zamfara, arrivent en masse à Birnin Gwari et les forces de sécurité ne les poursuivent pas", déplore Ahmed Isah, un habitant.
"Ils devraient coordonner l'opération avec les Etats voisins pour bloquer les routes par lesquelles les bandits s'échappent et les écraser", avance-t-il. "Sinon l'opération de Zamfara ne les fera que changer d'endroit".