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Dans un village nigérian, un rescapé chanceux d'un kidnapping de masse


Au Nigeria, les victimes d'enlèvement sont souvent libérées à la suite de négociations avec les autorités, bien qu'une loi interdise de payer les rançons et que les autorités nient le faire.
Au Nigeria, les victimes d'enlèvement sont souvent libérées à la suite de négociations avec les autorités, bien qu'une loi interdise de payer les rançons et que les autorités nient le faire.

En pleine nuit, Yusuf Thomas a été tiré de son sommeil par un homme armé braquant sur lui une lampe torche. Lorsque son potentiel ravisseur s'est éloigné pour passer un appel, il a pris la fuite, échappant de peu à un nouvel enlèvement de masse au Nigeria.

Cet habitant de Kajuru Station, situé dans l'Etat nigérian de Kaduna (nord-ouest) a eu plus de chance que les quelque 80 villageois enlevés par des hommes armés dimanche soir, dernier kidnapping de masse d'une série qui frappe le pays le plus peuplé d'Afrique en proie à une recrudescence de ce type d'attaques. La veille, 16 personnes ont été enlevées à Dogon Noma, à une dizaine de kilomètres de là.

La semaine dernière, plusieurs dizaines de personnes ont été kidnappées dans le même district de Kajuru. Début mars, le rapt de plus de 250 élèves d'une école de Kuriga, à 150 kilomètres de Kajuru, a provoqué un tollé national concernant l'insécurité au Nigeria. Cette vague d'enlèvements constitue un défi majeur pour le président Bola Ahmed Tinubu, arrivé au pouvoir l'an dernier, qui a promis de s'attaquer à l'insécurité.

Yusuf Thomas a cru qu'il serait abattu, jusqu'à ce qu'il parvienne à s'échapper. "J'ai entendu une voix qui me disait de ne pas lever la tête ou on me tirerait dessus, alors je me suis couché", a raconté à l'AFP cet homme de 37 ans, de retour dans son village. "Il m'a demandé mon téléphone et de l'argent, alors j'ai dit que je n'avais ni téléphone, ni argent. Quand il s'est retourné et a appelé ses acolytes, j'en ai profité pour m'enfuir", a-t-il ajouté.

Kaduna est l'un des États du nord-ouest du Nigeria où des bandes criminelles lourdement armées, connues localement sous le nom de bandits, ciblent les villages et les communautés pour les dévaliser, les piller et procéder à des enlèvements massifs contre rançon. Les forêts denses qui recouvrent certaines parties de la région permettent aux gangs d'établir des camps pendant qu'ils négocient le paiement des rançons.

Le village de Kajuru Station est presque désert depuis l'attaque, la plupart des habitants ayant fui par crainte de nouveaux enlèvements. Les autorités de l'État de Kaduna n'ont pas donné de chiffres concernant l'enlèvement de dimanche soir, mais les autorités locales affirment que 87 personnes ont été enlevées, principalement des femmes et des enfants.

"Nous vivons dans la peur"

Tanko Wada, le chef du village, a expliqué à l'AFP que cinq personnes avaient depuis lors réussi à échapper à leurs ravisseurs. "À vrai dire, au moment où je vous parle, nous vivons dans la peur parce que nous ne savons pas ce qui va se passer ensuite", a-t-il déclaré. "Nous souffrons à cause des bandits qui sont entrés dans notre communauté et ont enlevé nos enfants, nos parents", a déclaré à l'AFP Martha Luka, 45 ans, une habitante du village.

Le gouverneur de l'État de Kaduna, Uba Sani, a rencontré lundi les représentants des familles des enfants enlevés à Kuriga et a déclaré qu'il faisait tout ce qui était en son pouvoir pour leur libération. "Tous les enfants kidnappés, par la grâce de Dieu, reviendront sains et saufs", a-t-il dit à ChannelsTV cette semaine.

Les autorités affirment que des troupes ont fouillé les forêts pour sauver les élèves de Kuriga, mais les familles ont confié à l'AFP que peu de détails leur ont été donnés depuis les enlèvements. Au Nigeria, les victimes d'enlèvement sont souvent libérées à la suite de négociations avec les autorités, bien qu'une loi de 2022 interdise de remettre de l'argent aux ravisseurs et que les autorités nient que des rançons soient versées.

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