L'addiction aux écrans et à internet en général préoccupe de nombreux parents sénégalais. C’est une dépendance qui a de grands risques d’agir sur le corps, l'esprit, et le suivi d'études. Les jeunes parents se posent la question d'avoir internet à la maison.
"Je fais mes études via Facebook, il n’y a pas seulement que de mauvaises choses", se défend Ibrahima, un jeune rencontré à Dakar. "On apprend beaucoup de choses sur les réseaux sociaux. Par exemple, on fait des cours en ligne et on discute avec nos amis et camarades de classe", explique Anta.
Ces jeunes sont déjà des adeptes des réseaux sociaux comme bien des Sénégalais de leur génération. Les parents ont de la peine à suivre les nouvelles habitudes de leurs enfants.
Accros aux écrans
Aida Ndiaye, une maman, dit qu'elle a recours aux supports numériques pour distraire son enfant pendant qu'elle accomplit les nombreuses tâches ménagères.
"L'internet est un mal nécessaire quand tu es toute seule dans ton appartement, que tu dois éduquer et t'occuper de ton enfant et faire la cuisine, faire le linge et tout... tu vois que ça pose problème. C'est pourquoi certains parents poussent leurs enfants à regarder les dessins animés", explique-t-elle.
Ce choix des parents à distraire leurs enfants avec internet provoque souvent une dépendance.
Aminata Ndiaye, mère de famille, dit avoir constaté une addiction aux écrans chez deux neveux dont elle a la garde. "Des enfants qui même à l'école sont pressés de rentrer pour pouvoir activer le jeu et pouvoir interagir avec leurs amis en ligne. La maison est toujours remplie de personnes mais les enfants sont devenus d'une certaine manière socialement coupés", se désole-t-elle.
Les conséquences de ces habitudes peuvent être dangereuses, selon le Dr Lamine Diouf. Ce pédopsychiatre indique que cette orientation des enfants vers internet et les écrans peut avoir des conséquences néfastes sur leur croissance physique et mentale.
Remettre le jeu au centre
"Il faut savoir que c'est l'exposition précoce avant 3 ans et excessive en moyenne 30 minutes voir 1 heure par jour qui rend l'abus de l'écran chez l'enfant délétère voire nocif sur le plan psychomoteur", analyse le spécialiste.
Au niveau du développement cognitif également, Dr Diouf dit constater "beaucoup de retard, l'enfant a besoin de bouger, d'explorer son corps, son environnement, de manipuler, de coordonner, il a besoin vraiment d'agir avec son corps, son environnement pour s'autonomiser et pour grandir. Or, l'usage des écrans le confine à un espace et un usage très limité", explique-t-il.
"Pour assurer la santé pour tous, il faut faire ce qu’il y a de mieux pour la santé dès le plus jeune âge", avait déclaré le directeur général de l’OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus. "Le développement est rapide pendant la petite enfance et il faut profiter de cette période pour adapter le mode de vie familial dans un sens favorable à la santé".
"Ce qu’il faut vraiment faire, c’est remettre le jeu au centre de la vie de l’enfant", souligne la Dr Juana Willumsen, point focal de l’OMS chargé de l’obésité et de l’activité physique de l’enfant. "Il s’agit de consacrer moins de temps aux activités sédentaires et plus au jeu, tout en protégeant le sommeil".