"Nous avons écrit aux fournisseurs d'accès à internet pour leur demander de couper l'accès libre et gratuit aux sites répréhensibles", a déclaré à l'AFP le porte-parole du ministère des Télécommunications, N.N. Kaul.
Cette décision constitue le premier assaut notable du gouvernement du nationaliste hindou Narendra Modi contre la pornographie en ligne.
M. Kaul a indiqué que ce geste visait in fine à bloquer les contenus pédopornographiques mais que, en l'absence de système de filtrage sophistiqué, tous les sites pornographiques étaient bannis jusqu'à nouvel ordre.
Depuis ce week-end, les internautes indiens essayant d'accéder aux sites pornographiques, pour une bonne part hébergés sur des serveurs à l'étranger, se retrouvent face à une page blanche. Sur les réseaux sociaux, de nombreux utilisateurs ont exprimé leur colère face à ce qu'ils estiment être une censure morale.
La Cour suprême avait refusé le mois dernier d'ordonner un blocage des sites pornographiques, estimant que les personnes majeures avaient le droit de les consulter en privé.
Des auteurs célèbres, des éditorialistes et des politiciens ont exprimé sur Twitter leur opposition à la mesure du gouvernement, tandis que le hashtag #Pornban devenait l'un des plus discutés du pays.
"N'interdisez pas le porno. Interdisez les hommes qui reluquent, qui matent, qui se frottent, qui tripotent, qui importunent, qui agressent, qui humilient et violent les femmes. Interdisez (les rapports) sans consentement. Mais pas le sexe", a ainsi tweeté l'auteur populaire Chetan Bhagat.
Le député d'opposition Milind Deora a lui estimé que le débat autour de cette interdiction ne portait pas sur le fait "d'aimer ou non le porno. C'est sur le gouvernement qui s'attaque aux libertés individuelles".
"Qu'est-ce qu'ils vont interdire après - les téléphones et les télés ?", a-t-il lancé sur Twitter.
Les autorités indiennes nourrissent une certaine défiance vis-à-vis d'internet. En 2012, le gouvernement avait été accusé de censure massive lorsque 300 URLs avaient été interdites d'accès - dont des pages sur Facebook et Twitter - au prétexte qu'elles envenimaient les tensions ethniques.
Selon le site pornographique Pornhub, l'Inde était sa quatrième source la plus importante de trafic, après les Etats-Unis, le Royaume-Uni et le Canada.
Avec AFP