"AMLO", comme il est surnommé, participe pour la troisième fois à la présidentielle: en 2006, il avait fait figure de favori durant la majeure partie de la campagne avant finalement de perdre face au conservateur Felipe Calderon du Parti action nationale (PAN).
Cet homme de gauche au tempérament parfois fougueux semble le mieux placé pour succéder au président Enrique Peña Nieto, dont la popularité a plongé après plusieurs scandales de corruption et les violences sans fin, liées au narcotrafic, qui frappent le pays.
Deux principaux candidats tentent de lui barrer le chemin.
Ricardo Anaya du Parti action nationale (PAN, droite), un jeune ex-juriste de 39 ans dont l'image de renouveau a été entachée par de récentes accusations de corruption.
Et José Antonio Meade, un ancien ministre des Finances respecté, que le parti au pouvoir (PRI) a choisi de désigner comme candidat bien qu'il ne fasse pas partie de ses rangs, pour tenter de faire oublier son impopularité.
La quatrième postulante est l'épouse de l'ex-président Calderon, Margarita Zavala, qui a quitté le PAN après un conflit avec Anaya et se présente comme indépendante.
Les candidats prévoient des ouvertures de campagne discrètes vendredi. Mais les premiers grands rassemblements sont prévus pour ce dimanche de Pâques, une date symbolique dans un pays très catholique.
Tous espèrent lancer leur campagne par une démonstration de force de leurs supporters.
"Tout est possible, mais AMLO semble de plus en plus difficile à battre", commente à l'AFP l'analyste politique mexicain Jose Antonio Crespo.
Son propre pire ennemi?
Les sondages récents attribuent à Lopez Obrador un peu plus de 40% des intentions de vote. Anaya et Meade évolueraient entre 20% et 30%, tandis que Zavala à moins de 10%.
Ces chiffres - s'ils étaient confirmés - seraient suffisants pour que le candidat de gauche s'impose lors de cette élection au suffrage uninominal majoritaire à un tour. Mais on dit souvent au Mexique que "le pire ennemi d'AMLO est... AMLO lui-même".
Selon certains de ses détracteurs, l'ancien maire de Mexico attire une frange radicale et intolérante de l'électorat qui effraie la plupart des électeurs.
Célèbre pour sa raillerie contre la "mafia du pouvoir" du Mexique, Lopez Obrador, 64 ans, a jusqu'ici fait campagne avec un ton badin, se tournant même en dérision en promettant qu'il sera "paix et amour" en 2018.
Mais il s'est récemment aventuré sur des dossiers plus controversés indiquant vouloir renoncer à la privatisation historique du secteur énergétique lancée par Peña Nieto, ou encore abandonner la construction en cours du nouvel aéroport de Mexico, d'un coût estimé à 13 milliards de dollars.
Il a aussi promis de reprendre à zéro la renégociation avec les Etats-Unis et le Canada de l'accord de libre-échange nord-américain (Aléna) et évoqué une possible amnistie pour les trafiquants de drogue.
Anaya et Meade sont quant à eux enfermés dans une bagarre féroce.
Meade a attaqué sans relâche Anaya au sujet de la vente prétendument douteuse pour 2,95 millions de dollars d'une propriété familiale qui aurait été utilisée dans un montage financier destiné à blanchir de l'argent.
Anaya, qui clame son innocence, accuse le parti au pouvoir d'avoir monté de toute pièce cette affaire et accuse Meade d'encourager la corruption du système politique.
'Dégoûtés des politiques'
Elu pour six ans, le prochain président mexicain héritera d'une économie morose, d'un taux d'homicides record et d'une relation délicate avec son principal partenaire commercial, les États-Unis.
Les électeurs ont soif de changement, mais 71 ans de parti unique avec un PRI hégémonique ont laissé en héritage un système politique où se mêle copinage et corruption.
"Il n'y a pas véritablement d'outsider dans cette campagne" souligne Pamela Starr, spécialiste du Mexique à l'Université de Californie du Sud.
Même Lopez Obrador évolue dans la politique depuis les années 1970.
"Les Mexicains sont dégoûtés des partis et des politiciens, mais il n'y a pas de outsider car le système politique n'autorise pas les outsiders", estime-t-elle.
"Les quatre candidats ont fait toute leur vie partie du système politique", tranche l'analyste.
Avec AFP