Le président américain a signé mardi un décret ordonnant un réexamen de la mesure phare de son prédécesseur Barack Obama sur le climat, le "Clean Power Plan", qui impose aux centrales thermiques des réductions de leurs émissions de CO2. Il a martelé sa volonté de "mettre fin à la guerre contre le charbon".
Sa décision a été applaudie par la National Mining Association qui a affirmé que l'abrogation du Clean Power Plan allait permettre de sauver 27.700 emplois de mineurs et près de 100.000 sur l'ensemble de la chaine d'utilisation du charbon.
Mais ce minerai ne représentait plus en 2015 que 21% de la génération d'énergie aux Etats-Unis, pour 32% au gaz naturel, 28% au pétrole,et dérivés, 11% aux énergies renouvelables et 9% au nucléaire, selon les chiffres de l'agence américaine pour l'énergie (EIA).
Sur la seule année 2015, la production de charbon américaine a diminué de plus de 10%, tombant à ses plus bas niveaux depuis 1986 et le nombre de mineurs de 12% à 65.971, le plus bas depuis que l'EIA a commencé à collecter cette statistique en 1978.
Ces chiffres en recul n'empêchent toutefois pas les Etats-Unis d'être aujourd'hui le deuxième plus gros émetteur de gaz à effets de serre derrière la Chine.
Mais le gain politique pour Donald Trump est manifeste: la production de charbon était assurée en 2014 à hauteur de 70% par cinq Etats: le Wyoming (nord-ouest), la Virginie Occidentale (est), le Kentucky (centre-est), la Pennsylvanie (est) et l'Illinois (nord). Sur les cinq, seul l'Illinois a voté pour son adversaire démocrate Hillary Clinton, en novembre dernier.
"L'administration est décalée par rapport aux entreprises américaines, aux investisseurs et aux consommateurs qui veulent une énergie propre qui crée des emplois et dynamise les collectivités locales. De nombreux gouverneurs et maires vont continuer à épouser des solutions qui émettent peu de dioxyde de carbone car c'est ce qu'il faut pour les emplois, les gens et la planète", assure pour sa part Andrew Steer, président du World Resources Institute à Washington.
Bataille en vue
La répartition des pouvoirs entre le gouvernement fédéral et les Etats est complexe et les seconds peuvent adopter des mesures plus sévères que ce recommande le premier.
Le cas des normes de pollution pour les automobiles l'illustre bien. Donald Trump a, là aussi, décidé il y a quinze jours de revenir en arrière sur les normes décidées par son prédécesseur et l'Agence de protection de l'environnement (EPA) à l'horizon 2025.
Mais quelques jours plus tard, la Californie, l'Etat le plus peuplé des Etats-Unis qui dispose depuis 1963 du droit d'édicter ses propres normes en la matière, a confirmé qu'elle maintiendrait les objectifs initiaux, ouvrant la porte à une bataille qui risque de se terminer devant la Cour suprême.
Le secteur des énergies propres pèse aussi de plus en plus lourd dans l'économie. Selon un rapport récemment publié par le département de l'énergie, sur les 3,6 millions d'Américains travaillant dans le secteur énergétique, 600.000 le font dans les énergies propres, dont 300.000 dans le solaire et 77.000 dans l'éolien. Le ministère estime que les emplois dans ce secteur ont progressé de 7% l'an dernier.
Dans un rapport datant de novembre, la banque d'affaires Goldman Sachs estimait qu'elle ne s'attendait pas à voir le développement de ce qu'elle appelle la "low carbon economy" souffrir des "variations cycliques et des changements politiques".
"Nous nous attendons à ce que l'innovation et les marchés mondiaux, plus que la politique, soient le moteur principal de la croissance des technologies à faible émissions de carbone. A notre avis, le prix des batteries et des panneaux solaires vont continuer à baisser et les gains en terme de parts de marché pour l'éolien, le solaire, les véhicules électriques et les diodes électroluminescente (LED) se poursuivre quel que soit l'occupant de la Maison Blanche", estime Goldman Sachs.
Avec AFP