Installé dans un marché à la banlieue d’Abuja devant sa table remplie de cartes SIM, Kinsley vend des cartes depuis cinq ans. Pour lui, la décision des autorités fédérales a un impact négatif sur son commerce.
"Tout le monde est mécontent. Pour moi-même le peu que je gagnais tous les jours ne vient plus", dit Kinsley.
Des milliers d’autres jeunes à travers le pays sont impliqués dans ce commerce de vente de cartes SIM à cause du manque d'emplois.
Du côté du gouvernement fédéral, les autorités affirment vouloir faire l’audit pour vérifier et s’assurer de la conformité des opérateurs de réseaux mobiles avec les normes de qualité et les exigences d'enregistrement de la carte SIM établies par le ministère des Communications et de l'Économie numérique.
Un autre aspect intéresse aussi les autorités nigérianes: il s'agit d’empêcher les terroristes et les criminels d’utiliser des cartes SIM non enregistrées pour commettre leurs forfaits.
Kabiru Adamu, expert en sécurité, partage l’inquiétude du gouvernement. "Il n’y a pas longtemps, lorsque le parlement fédéral a eu un débat sur la question de l’insécurité dans le pays, l’un des problèmes évoqués était sur l’utilisation de téléphones et des cartes SIM par les criminels pour appeler", explique-t-il.
La commission n’a pas indiqué la durée de l’audit, mais souligne qu’elle pourrait accorder des exemptions là où c’est absolument nécessaire.
La mesure, si elle dure longtemps, pourrait avoir un effet significatif sur les entreprises de télécommunication et les nouveaux abonnés qui souhaitent avoir une carte SIM. Et la procédure semble être un peu complexe et longue comme nous l’explique Dipo Oyewole, analyste.
"Nous connaissons les difficultés rencontrées pour obtenir le numéro d’identification nationale. Nous avons des gens qui n’ont pas reçu leurs cartes d'identité depuis quatre ou cinq ans et qui se sont faits enregistrés depuis 2015 ou 2016. Donc la question est de savoir ce que le gouvernement fait face à ce problème pour assurer que cette stratégie marche", dit-il.
Le régulateur des communications au Nigeria, la NCC, a infligé une amende à MTN en 2015 pour n’avoir pas déconnecté les cartes SIM non enregistrées. L'affaire a été résolue un an plus tard lorsque la société a payé 330 milliards de nairas (839 millions de dollars) après de longues négociations. Plus de 200 millions d'utilisateurs de réseaux mobiles sont recensés au Nigeria.