Les 75 participants au dialogue interlibyen qui se tient en Suisse sous les auspices de l'ONU votent vendredi pour désigner un nouveau Premier ministre et un Conseil présidentiel, parmi quatre listes, en vue de préparer le scrutin national du 24 décembre.
Ce vote, diffusé en direct par l'ONU, constitue la dernière droite du processus de sélection du Premier ministre et du Conseil présidentiel transitoire.
Cet organe devra être composé de trois membres (un président et deux vice-présidents) représentant la Tripolitaine (Ouest), la Cyrénaïque (Est) et le Fezzan (Sud), les trois régions libyennes.
Les 75 participants au dialogue interlibyen sont réunis depuis lundi dans les environs de Genève, dans un endroit tenu secret par l'ONU. Un premier tour a eu lieu mardi mais aucun des candidats n'ayant atteint le seuil des 70% des voix, un second tour est organisé sous le format de listes cette fois.
Le seuil est cette fois de 60% des voix. Si aucune liste n'atteint ce seuil, un second tour sera organisé pour choisir entre les deux listes qui auront obtenu le plus grand nombre de voix au premier tour. Le seuil pour le second tour sera de 50% plus une voix.
"Nous avons quatre listes, elles sont diverses, elles sont représentatives de la grandeur de la Libye et de son potentiel", s'est réjouie l'émissaire par intérim de l'ONU en Libye, Stephanie Williams, avant le vote.
La Libye est plongée dans le chaos depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011.
Deux autorités s'y sont disputés le pouvoir ces dernières années: à l'Ouest, le Gouvernement d'union nationale (GNA à Tripoli), reconnu par l'ONU et soutenu par la Turquie, et un pouvoir incarné par Khalifa Haftar, homme fort de l'Est, soutenu par la Russie et les Emirats arabes unis notamment.
Présent sur la quatrième liste, l'actuel ministre de l'Intérieur du GNA, Fathi Bachagha, un poids lourd de la politique locale, fait figure de favori pour le poste de Premier ministre.
Il est accompagné sur cette liste par Aguila Saleh, candidat au poste de président du Conseil présidentiel. Président du Parlement de l'Est libyen, M. Saleh, discret juriste âgé de 77 ans, a longtemps oeuvré dans l'ombre de Khalifa Haftar, qu'il a lui-même porté au pouvoir, avant d'être reconnu à l'international comme le principal interlocuteur de son camp dans le conflit libyen au détriment du maréchal.
M. Saleh a reconnu cette semaine que l'offensive lancée en avril 2019 par les forces du maréchal Haftar contre Tripoli était une "erreur". "Personne n'est à l'abri de l'erreur", a-t-il dit.
"Réunifier"
Selon l'ONU, le futur exécutif transitoire aura pour mission de "réunifier les institutions de l'Etat et assurer la sécurité" jusqu'aux élections prévues en décembre.
Mme Williams a par ailleurs souligné vendredi que les candidats s'engagent à nommer "au moins 30% de femmes à des postes de direction dans le nouveau gouvernement".
Après l'échec d'une offensive lancée par le maréchal Haftar en avril 2019 pour conquérir Tripoli, les deux camps ont conclu un cessez-le-feu en octobre et retrouvé le chemin du dialogue, encouragé par l'ONU.
Le dialogue interlibyen a été lancé en Tunisie en novembre 2020. Mi-novembre, les participants ont trouvé un accord sur l'organisation d'élections "nationales" le 24 décembre 2021.
Et le Conseil de sécurité a ordonné jeudi au secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres de déployer une avant-garde d'observateurs du cessez-le-feu en Libye